A l’orée du prochain congrès du Front populaire Ivoirien (FPI, opposition) plus rien ne va entre le président de ce parti, Pascal Affi N’guessan et certains de ses désormais ex-collaborateurs dont professeur Dagbo Godé Pierre et Diabaté Beh, conseiller municipal à la mairie d’Abobo. “Rien ne me fera reculer… Je durcis ma position selon laquelle le FPI ne doit pas rompre le partenariat avec le Rhdp. Et dans les prochains jours vous verrez” a-t-il fait savoir dans un post largement partagé sur les réseaux sociaux.
Diabaté Beh qui réagit à la nouvelle posture d’Affi N’guessan qui a décidé de se séparer de certaines figures de son parti, lesquelles lui sont restées fidèles après le schisme avec le clan “Gbagbo ou rien”, dit être “un peu gêné” de par le fait d’être “dans une municipalité, aujourd’hui.” “C’est ce qui fait que ma position n’est pas dure” soutient-il, faisant savoir que sans cette restriction, “en temps normal j’allais être encore plus violent que ça.”
Au centre de la guéguerre, la réponse favorable que semble donnée Affi N’guessan à l’appel de Bonoua, lancé par Laurent Gbagbo en vue d’un grand rassemblement de l’opposition pour faire front contre le parti au pouvoir, le RHDP, d’Alassane Ouattara. Le président du FPI a donc accepté la main tendue de Laurent Gbagbo et du PPA-CI à travers une visite à domicile que lui a rendue Sébastien Dano Djédjé. Ce qui apparaît pour Affi N’guessan comme une victoire. Et Diabaté Beh de s’interroger sur le sens de cette victoire.
“Comment cela peut être une victoire pour nous ? Elle vient d’où cette victoire. C’est très loin d’être une victoire pour nous”, soutient-il. “Est-ce que Affi sait ce qui l’attend là-bas.” poursuit-il, dubitatif sur les bonnes intentions du clan Gbagbo, lequel a toujours été vu comme non fiable. Le général Robert Guéï soutenait qu’il est un boulanger, passé maître dans l’art d’enfariner ses partenaires politiques.
Diabaté Beh explique la raison de son doute et se veut sentencieux. “Quelqu’un qui dit, qu’il veut te voir, mais refuse d’aller au siège de ton parti, le FPI. C’est un mépris pour les militants” conclut-il. Il estime que c’est ce comportement du PPA-CI à l’endroit du FPI “qui nous énerve, nous autres.”
Poursuivant son analyse du comportement suspect du PPA-CI, Diabaté Beh voit dans le refus de rencontrer la direction du FPI à son siège comme un mépris qui cache une intention voilée. “Il dit que je vais te rencontrer, mais je ne vais pas à votre siège du FPI. Et il va te rencontrer chez toi, seul. Qu’ils nous prennent au sérieux. Et tu vas lui donner une importance” dénonce le conseiller municipal, membre de la municipalité de Kandia Camara, ponte du RHDP. Et de préciser que “Ce n’est pas une affaire de manger, mais de dignité.”
Revigoré, et décidé à faire front, il annonce les couleurs de la rébellion contre Affi. “À partir de demain, vous saurez ce que nous comptons faire. Sachez que nous ne baisserons pas les bras” menace-t-il. Diabaté Beh fait savoir que “Le combat, nous allons le continuer jusqu’à ce que lui-même (Affi Nguessan) recule. Le bicéphalisme est déjà là. Nous allons assumer. Nous ne sommes plus des enfants ni de nouveaux militants.”
Bien décidé à pousser hors Pascal Affi N’guessan, qui vit sa seconde secousse politique, Diabaté Beh se veut tout de même rassurant: “Il n’y aura pas deux FPI.” Professeur Dagbo Godé Pierre, ex-vice-président du FPI et vice-gouverneur au District autonome d’Abidjan, a d’ores et déjà, déposé sa candidature contre Affi N’guessan, lui aussi candidat à sa succession. Laurent Gbagbo aura réussi dans sa tactique de vieux renard, diviser pour mieux régner.
Adam’s Régis SOUAGA
