A l’occasion de son investiture, le candidat indépendant Kouadio Konan Bertin a livré son message d’engagement et dépeint la situation de son parti, le PDCI-RDA
“Dans quelques semaines, notre pays sera devant un choix historique. L’élection présidentielle déterminera pour une part importante l’avenir de notre Nation. Cela concerne chacun d’entre nous, car la Nation c’est la somme de chaque citoyen de notre pays.
Ce choix aura des conséquences sur notre vie, sur la santé, l’emploi, le pouvoir d’achat, la sécurité et au-dessus sur la paix intérieure et la concorde civile.
Cette élection devrait être un moment précieux où entre ivoiriennes et ivoiriens nous débattons et décidons pacifiquement de notre avenir.
Hélas, déjà des violences ont lieu. Déjà des affrontements sont à déplorer. Déjà les ferments de la division se répandent.
Cette situation est le résultat de l’incapacité des partis politiques à se réformer et à renouveler leurs responsables.
Il est à craindre que ce scrutin soit le pauvre remake du film qui a plongé notre pays dans les affres de la guerre civile. Même casting, même scénario, même mise en scène : tout est en place pour un nouveau film d’horreur pour notre pays.
Depuis de longs mois, je plaide pour une dynamique d’union nationale. C’est-à-dire pour le rassemblement de toutes les forces, de tous les talents et de toutes les bonnes volontés qui veulent sincèrement contribuer à la renaissance de la grandeur ivoirienne.
Je l’ai dit et répété : dans mon pays je peux avoir des adversaires, je n’ai pas d’ennemis.
Cette exigence d’unité nationale est d’autant plus impérieuse que notre pays fait face à une crise sanitaire d’ampleur mondiale qui a et aura des conséquences dramatiques sur la santé économique et sociale de notre peuple.
Ma famille politique a été muselée par quelques hiérarques du PDCI qui par peur de perdre leurs privilèges ont interdit tout débat démocratique interne.
Le candidat de ce parti n’a hélas aucun projet. C’est une candidature de revanche avec pour objectif la pure et simple restauration d’un pouvoir perdu.
Tournant le dos aux enseignements de son créateur ce parti s’éloigne de l’exigence d’union du peuple ivoirien ; il cherche à diviser, à cliver, il promeut l’affrontement là où la concorde démocratique s’impose.
Face à cette situation de péril imminent, face à l’incurie des partis, j’ai décidé, encouragé par des dizaines de milliers de nos concitoyens, de prendre mes responsabilités.
Ivoiriennes, ivoiriens
J’ai décidé de présenter ma candidature à l’élection présidentielle. Je viens devant vous avec humilité et détermination.
C’est une décision que j’ai longuement mûrie et qui engage ma vie.
Je l’ai prise en conscience par amour de notre pays et par considération à l’égard de chacun et chacune de nos compatriotes.
Je veux aujourd’hui vous dire en quelques mots le sens de cet engagement.
Je m’engage solennellement devant le peuple ivoirien à servir sans faiblesse l’objectif suprême de la paix. Cela impose le respect de toutes les idées, de toutes les différences, de tous les courants de pensée. Cela impose que le pouvoir cesse d’être concentré dans les mains uniques d’un parti, ou d’un groupe ethnique.
Je m’engage solennellement devant chacune et chacun d’entre vous à lutter sans relâche pour la justice sociale. La croissance est indispensable mais elle doit être justement répartie. Aujourd’hui tous les fruits vont dans les poches de certains en complicité avec de grandes sociétés multinationales qui pillent nos ressources. Les riches sont de plus en plus riches et les pauvres demeurent effroyablement pauvres. Je serai le Président de l’équité.
Je m’engage solennellement à lutter radicalement contre la corruption qui mine tout effort national.
Il faut réinventer la méritocratie ivoirienne. Diplômes, emplois, aides sociales, contrats en tous genres ne doivent plus être accordés en fonction de son ethnie, de sa proximité avec le pouvoir, mais en fonction de son travail, de ses capacités, de son mérite.
Je veux en finir avec le privilège des « fils de « des parents de «, des obligés de «
Je veux en finir avec la Côte d’Ivoire des copains et des coquins.
Je traquerai la corruption partout où elle sévit, vole, usurpe, détourne.
Je m’engage solennellement à servir notre jeunesse.
La jeunesse c’est un joyau national.
Je veux que chacun puisse ensuite vivre et travailler au pays pour développer notre industrie et notre agriculture, pour renforcer nos laboratoires et nos universités. Chacun doit pouvoir contribuer à la renaissance du pays. C’est à cette condition qu’un nouveau « miracle ivoirien » est possible.
Mes chers compatriotes,
Le Président de la Côte d’Ivoire ne doit pas être l’Homme d’un parti ou d’une fraction de la population. Il doit être l’Homme de tout le pays. Le temps des petits chefs en guerre est terminé : nous avons besoin d’un Homme d’état au-dessus des factions. Le Président Houphouët a été cet Homme. Il reste un modèle indépassable. Il a été une chance pour le peuple de Côte d’Ivoire, uni par une communauté de destin. Inspirons-nous de sa sagesse et faisons vivre son héritage. Comme il nous l’enseignait : « Nous n’avons qu’un objet de haine : la guerre, qu’une seule obsession : la paix, la paix des cœurs, la paix sociale, la paix entre les Nations. »
Ivoiriennes, ivoiriens
Vous avez entre vos mains le destin de la Nation.
Faisons triompher ensemble, l’air pur de la liberté et le vent de la réussite nationale.
Vive la Côte d’Ivoire, et que Dieu la bénisse !”