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Discours- Affi invite à “l’unité” et s’interroge sur les motivations de la junte malienne
Publié
2 ansle
Par
Redaction
Mes chers compatriotes,
Nous célébrons ce dimanche notre Fête de l’Indépendance. Nous la célébrons avec les sentiments de fierté qu’éprouve tout peuple libre, les sentiments de fierté d’un grand peuple, un peuple qui a beaucoup à apporter à l’Afrique et donc au monde. Il y a 62 ans, notre cher pays, la Côte d’Ivoire, prenait enfin son destin en main et entamait un long chemin vers la construction d’une nation.
62 ans après le 7 août 1960, les premières fondations ont été posées. Il faut les consolider. Nous sommes résolument engagés dans une démarche de refondation, de renaissance. Nous savons les uns et les autres que nos crises successives ont pu parfois ébranler les murs de notre maison commune. Crises institutionnelles, crises électorales, crises de confiance, il est temps de tourner la page, de les reléguer dans le passé de notre jeune pays. Nous sommes désormais près de 28 millions à partager un même rêve : celui de notre unité.
En ce 7 août 2022, je forme le vœu qu’ensemble, nous sachions mettre cette exigence de l’unité au cœur de nos projets et des actes que nous posons.
L’unité, pour un peuple, passe par la reconnaissance de sa diversité : diversité des idées, diversité des convictions, diversité des origines. L’unité, ce n’est jamais l’uniformité. L’unité, c’est le respect de l’altérité. L’unité, c’est la conscience que ce qui nous rassemble est plus puissant que ce qui nous divise. Nous avons appris de nos crises, de nos fractures. Nous savons qu’au stade actuel de l’évolution de notre pays, l’unité impose la réconciliation. Ces dernières semaines, des pas de géant ont été accomplis dans cette direction. Je salue l’initiative du président de la République de rencontrer ses prédécesseurs. Je salue sa décision d’instaurer des échanges réguliers avec eux. Je salue leur présence ce dimanche à Yamoussoukro. C’était nécessaire, en termes de symbole, mais aussi sur un plan plus concret. Poser des mots sur ce qui divise, échanger sur ce qui sépare, est le meilleur moyen d’éviter l’affrontement.
Le dialogue politique est désormais sur les rails. Il faut aller plus loin dans ce processus afin de ne laisser personne au bord de la route.
Unis, nous devrons trouver un schéma consensuel pour qu’une réconciliation vraie et réparatrice s’ancre dans les esprits et dans les cœurs. Unis, il nous faudra, dans les mois qui viennent, mettre en place des mécanismes qui garantiront à chacun le respect de ses choix, en affermissant le fonctionnement de notre démocratie. Je pense à notre code électoral, notre liste électorale, notre commission électorale indépendante. Nous avons besoin les uns et les autres de garanties mutuelles, afin qu’aucun d’entre nous n’éprouve dans l’avenir la moindre méfiance vis-à-vis du processus électoral.
Notre unité passe aussi par la solidarité. Elle sera notre meilleure arme pour que notre pays ne devienne pas le terrain de jeu d’autres puissances. Autour de nous, ressurgit en effet le spectre d’une nouvelle guerre froide, une nouvelle guerre de valeurs, une nouvelle guerre de positions. Plusieurs modèles de société s’affrontent autour de la place de la religion, la question de la charia, autour du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, autour des notions de souveraineté et de liberté. La tentation des guerres de conquête, des volontés d’annexions territoriales est de retour.
La Côte d’Ivoire n’est pas à l’abri des soubresauts du monde. Mais nous devons œuvrer ensemble afin qu’elle ne soit pas entrainée dans un tourbillon qui la dépasserait et la fragiliserait.
D’ores et déjà, notre pays affronte une brutale crise de la vie chère. La guerre en Ukraine a malheureusement des retombées chez nous, avec le renchérissement du prix de plusieurs produits de base. Une fois encore, la Côte d’Ivoire subit les conséquences d’un conflit dont elle n’est pas partie prenante. Face à ces nouveaux défis, notre unité impose de mieux préserver les plus fragiles d’entre nous dans leurs droits élémentaires : se nourrir, se déplacer, se soigner, assurer une bonne éducation à ses enfants. A cet égard, je félicite toutes les jeunes filles et tous les jeunes garçons récemment diplômés. Je connais leurs efforts et leurs conditions d’études souvent difficiles. Mais je regrette aussi que les derniers résultats ne soient pas à la hauteur des ambitions que nous formons pour notre pays.
Notre unité est enfin la clé de notre sécurité. Nous le voyons bien autour de nous en Afrique. La menace terroriste est vertigineuse. Elle détruit des pays frères, tue leurs populations, endeuille des familles entières, disloque le tissu social, engendre des migrations de populations. Cette menace se nourrit de radicalisation, mais aussi parfois de frustrations, auxquelles certains croient répondre en basculant vers l’irréparable. Chez nous, les autorités contiennent ce risque avec détermination. Je les félicite pour avoir su mesurer l’ampleur et la gravité de la menace. Elles ont déployé les moyens les plus adaptés afin de préserver l’intégrité de notre territoire et la sécurité publique. Mais le péril est grave et notre unité demeure notre meilleure assurance.
Cette unité est nécessaire au niveau de notre sous-région qui rime trop souvent aujourd’hui avec désolation, notamment au Burkina Faso et au Mali. Il y a presque un mois, le 10 juillet dernier, le Mali prenait la décision surprenante d’arrêter 49 militaires ivoiriens lors de leur arrivée à Bamako. Cette décision est incompréhensible et inquiétante. Elle est en effet prise à l’endroit d’un pays voisin et ami, auquel le Mali est lié par des rapports séculaires et un partage de populations communes. La Côte d’Ivoire n’est pas une menace pour ses voisins maliens. Elle est à l’inverse souvent une terre d’accueil. Ils doivent en avoir conscience. La Côte d’Ivoire n’est pas en guerre contre le Mali. Elle est en revanche engagée dans la défense du Mali à travers sa présence au sein de la MINUSMA.
Je m’interroge sur les intentions réelles du régime de transition. Je renouvelle notre soutien aux 49 militaires ivoiriens toujours retenus dans ce pays. Je souhaite que la diplomatie reprenne au plus vite ses droits. Face à la menace terroriste, l’heure n’est pas aux faux procès, à la recherche de bouc-émissaires, à la chasse aux sorcières, mais à la conjugaison des efforts et à la mutualisation des moyens. L’heure est à l’esprit de responsabilité parce-que, sur le plan international aussi, c’est notre unité qui nous permettra de gagner.
J’en appelle donc à cet esprit d’unité, de solidarité et de responsabilité. Pour ma part, il m’anime et continuera de me guider dans tous mes choix.
J’adresse à chacune et à chacun d’entre vous tous mes vœux d’une très belle fête de l’indépendance.
Pascal Affi N’Guessan
Président du Front Populaire Ivoirien
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