Koné Messamba est parti à tout jamais! Mess, “préfet rebelle” comme je l’appelais, “grand-frère” ou C.O (Commandant des Opérations du MPCI, 1er mouvement armé de la rébellion des Forces nouvelles, NDLR) ne dira plus “journaliste rebelle!” Il est parti, dans la discrétion la plus totale. Sa dernière activité et sortie était avec la délégation du ministère des Transports en tournée de sensibilisation dans la région de la Nawa sur l’incivisme routier.
Premier “commandant des opérations” du mouvement patriotique de Côte d’Ivoire dès le 19 septembre 2002 à 2003, avec la militarisation des postes de commandement opérationnel des secteurs et zones des Forces Nouvelles, Koné Messamba était une figure emblématique de l’ex-rébellion ivoirienne. Avec son chapeau de cow boy en filet, l’écharpe verte au cou, ce solide gaillard, bel homme à la diction calme, il était un mythe dans Korhogo. Seule sa voix était entendue sur les antennes de la radio Satellite FM. Juste pour mettre au pas d’éventuels individus qui voulaient s’en prendre aux “cohobala” (les non nordistes) ou imposer le couvre-feu.
Le visage de la rébellion, en ce moment, était “Ben Laden”, Ousmane Coulibaly, avec sa barbe drue, qui animait les meetings d’information contre Laurent Gbagbo. Et Messamba, du quartier Banaforo, à Korhogo, ou du camp militaire CTK (Compagnie territoriale de Korhogo aujourd’hui 4è Région militaire), suivait tout…en relation avec Ibrahim Coulibaly dit Major.
L’Adjudant-chef des FANCI, déserteur avec ses compagnons d’infortune, avait dirigé le commando…du cheval blanc. Qui a fait chou blanc. Repli stratégique pour revenir plus aguerri et décidé à ne pas sortir de son pays. Le fils de Séguéla après les Accords de Linas-Marcoussis devint ministre des victimes de guerre en 2003. Plus tard, les dissensions entre pro-IB et pro-Soro vont conduire à son remplacement à Korhogo par son ex-chef de la sécurité, Fofié Kouakou Martin, chef de l’unité “Fansara 110”. Un choix de Guillaume Soro qui n’a jamais été du goût du Cdt Koné Messamba, désormais responsable des unités des Eaux et Forêts des Forces Nouvelles. Basé à Bouaké, il était devenu invisible du grand public, ne se montrant que lors des conclaves au secrétariat général. Proche d’Amadou Koné et d’Amadou Gon Coulibaly, il s’était tout de même rapproché de son frère Hamed Bakayoko qui ne manquait pas de le consulter. A l’occasion de la réouverture de l’usine de la CIDT à Séguéla, ils étaient bien ensemble. Lors de la grande réunion des fils et filles du Woroba, ouverte à ceux du Denguélé et du Bafing, en 2016, Koné Messamba avait pointé présent.
Nommé Préfet de Guiglo, en même temps que ses compagnons d’arme, Tuo Fozié et Ousmane Coulibaly, à Bouna et San Pedro, il avait été victime d’un accident vasculaire cérébral qui l’avait fortement diminué. Mais, il était à la tâche. Et c’est à la tâche qu’il est parti, à jamais, après le devoir accompli. Mes Respects mon Commandant!
Adam’s Régis SOUAGA