Depuis le 16 novembre 2023, l’artiste peintre Tamsir Dia est en exposition à la galerie Eurêka, dans la commune de Marcory. Pendant un mois, les amoureux de l’art auront à découvrir une énième présentation de cet artiste élevé au grade de chevalier de l’ordre du mérite culturel ivoirien en 2022.
Tamsir Dia, diplômé des Beaux-arts de Paris, est un conteur visuel dont les œuvres transcendent les frontières entre l’abstraction, la narration et la poésie. Cet artiste de 71 ans, a accumulé une série d’expositions internationales, en participant notamment à la Biennale de Venise et à des expositions permanentes à la galerie EUREKA à Abidjan.
L’œuvre en exposition, dénommée « Espace en mouvement », offre un regard profond sur la manière dont Tamsir Dia crée des espaces en mouvement à travers la peinture. Inspiré par une enfance difficile et une passion précoce pour l’art, l’artiste façonne des compositions qui racontent le temps qui passe, les douleurs persistantes, les rêves suspendus et l’effritement du monde.
Pour plusieurs critiques, Tamsir Dia est « un peintre abstrait aux couleurs vibrantes, à la matière puissante et dont le but serait de faire advenir un nouvel espace, par un savant jeu de composition et de superposition. Pourtant à l’image d’Amadou Kourouma ou de Camara Laye qu’il affectionne, Tamsir Dia est avant tout un conteur, un faiseur d’histoires ».
Il suffit de penser à un vieux mur pour comprendre comment il construit ses tableaux. Strates successives d’histoires et d’époques, les récits que transportent la matière (restes d’affiches, grafiti, etc…) se recouvrent les uns les autres, rendant complexe une lecture linéaire et univoque Pourtant dans cet amas d’histoires entremêlées, c’est le temps qui se raconte. Et derrière lui, c’est un peu de la vérité de ce que nous sommes qui se recompose sans jamais totalement se fixer.
Il dit le temps qui passe, en créant des espaces en mouvement. Il dit les douleurs qui restent mais s’apaisent, les rêves oubliés mais suspendus au-dessus de ceux qui les ont eus. Les avenirs impossibles et l’effritement du monde. Parfois, l’actualité fait incursion dans sa toile. Un bout de l’Amérique [de Trump?], une évocation de Picasso, l’œil d’un poète disparu. Des signes s’y mélangent, qui semblent venus de lointaines traditions ou de civilisations disparues. Puis un ciel bleu, un immeuble, les larmes d’une femme.
Et la violence du monde. Une violence primitive, emmurée par la peinture mais qui la fissure autant qu’elle lui donne vie. Tamsir Dia dit poliment qu’il a eu une enfance difficile. Il ne s’étend pas, raconte qu’à partir de 9 ans, il n’a fait que lire et qu’à 12 ans, c’est une reproduction de la Chapelle Sixtine qui lui a intimé l’ordre de dessiner.
Il dit qu’il a rencontré Francis Bacon. Et qu’il nous faut à tous trouver notre propre regard sur le monde. Il dit qu’il cherche à « parcheminer la vie » et qu’il faut rechercher la beauté des choses. Il laisse à celui ou celle qui regarde ses toiles, le loisir d’effectuer son propre chemin pour la comprendre. Il ne donne pas une vérité toute faite : il invite chacun à aller vers sa propre connaissance.
Sercom Galerie Eurêka
