Le professeur Mariam Doumbia Ouattara, neurologue spécialisée en neuropédiatrie et présidente de l’Association ivoirienne de lutte contre l’épilepsie, a indiqué que cette maladie « peut survenir à tout âge. Dans cette interview accordée à plusieurs médias, dont Laurore.net, lors de la journée internationale de lutte contre l’épilepsie, elle a fait l’état des lieux de cette maladie liée aux neurones. Avec son association créée depuis 2003, elle et les membres organisent chaque année, des activités dans un district sanitaire d’Abidjan.
Quel est le taux de prévalence de l’épilepsie au niveau national ?
Au niveau national, nous avons un taux de prévalence qui est un peu ancien, qui a estimé l’épilepsie à 7,8 pour 1000. Pour vous dire que pour 1000 personnes vivant en Côte d’Ivoire, nous avons au moins 8 personnes qui vivent avec l’épilepsie. Nous avons nous-même réalisé une étude en milieu scolaire pour évaluer la prévalence de l’épilepsie chez les plus jeunes enfants et nous avons retrouvé une prévalence de 35 pour 1000. Pour vous dire que 1000 enfants en âge scolaire, nous pouvons avoir 35 personnes qui vivent avec cette pathologie.
Pouvez-vous dresser un bilan de vos activités de lutte contre l’épilepsie. En êtes-vous satisfaits ?
On peut dire que nous avons réussi quand même à faire une meilleure sensibilisation. Nous avons mené, en marge de ces journées, des activités, des mémoires, des thèses, pour voir est-ce que les personnes que nous visitons sont suffisamment sensibilisées sur l’épilepsie. Et donc ces études là nous ont montré que nous avons réussi à sensibiliser au moins 50% de la population et environ 70% des personnes qui vivent avec des personnes atteintes de l’épilepsie. On ne peut pas dire que nous sommes satisfaits, parce que notre objectif, c’est vraiment une meilleure connaissance de l’épilepsie par toute la population. Donc l’intérêt de continuer ces activités de sensibilisation, de dépistage, de formation du personnel.
Pourquoi le choix de la commune d’Abobo pour cette édition ?
Chaque année, nous choisissons un district sanitaire dans la ville d’Abidjan pour la célébration de cette journée. Et nous regardons également les chiffres par rapport aux personnes qui viennent nous visiter dans nos consultations spécialisées d’épileptologie au niveau des CHU. On s’est rendu compte que nous avons une bonne frange de nos populations qui vient d’Abobo. Donc pourquoi ne pas aller vers eux ?
Quels sont les enjeux de cette journée ?
La journée internationale de lutte contre l’épilepsie est une journée qui est placée sous l’égide de la ligue internationale contre l’épilepsie qui a pour slogan « sortons l’épilepsie de l’ombre ». Alors, à l’occasion de chaque journée de lutte contre l’épilepsie, nous organisons une journée avec principalement trois pôles d’activité. Des activités de sensibilisation vis-à-vis des personnes qui vivent avec des patients qui ont une épilepsie et également vis-à-vis des patients épileptiques pour expliquer aux gens qu’est-ce que c’est que l’épilepsie, comment pouvons-nous accompagner une personne qui vit avec l’épilepsie, afin de contribuer à une meilleure intégration sociale de ces personnes-là parce que vous savez que cette maladie est victime d’énormes préjugés.
Outre les campagnes de sensibilisation, que faites-vous d’autres ?
En plus des activités de sensibilisation, nous menons des activités de formation du personnel de santé, des districts sanitaires que nous visitons lors de cette célébration et également des activités de dépistage de la population. Donc consultation et réalisation d’un examen qu’on appelle électron encéphalogramme, qui va nous permettre de confirmer le diagnostic d’épilepsie et proposer une prise en charge aux personnes qui viennent vers nous en ce jour. La journée internationale de l’épilepsie a pour enjeu principal, une meilleure connaissance de l’épilepsie. Meilleure connaissance par la population et également par le personnel médical parce que nous nous rendons compte que bien souvent cette affection est sous-diagnostiquée.
Quels sont les facteurs déclenchants de la maladie et quels sont les personnes exposées à la maladie ?
L’épilepsie concerne tous les âges. Nous avons même deux pics importants de fréquence. Nous avons chez l’enfant le plus jeune et également chez le sujet âgé. L’épilepsie peut survenir après toute agression, toute irritation au niveau du cerveau, donc vous devez comprendre que nous sommes tous exposés à faire une épilepsie. Je fais un AVC qui me laisse une lésion au niveau du cerveau. Il y a une désorganisation qui va se produire au niveau de la zone du cerveau qui a été touché par l’AVC, je suis exposé à faire des crises d’épilepsie et donc à développer la maladie épilepsie. Je fais un accident de la voie publique, je sors là tout de suite, j’ai un accident, j’ai une lésion au niveau du cerveau, je suis exposé à faire une épilepsie. Chez les tout-petits, chez les enfants, une grossesse mal suivie avec une souffrance du fœtus pendant la grossesse, un accouchement non médicalisé, un accouchement qui est difficile qui va exposer l’enfant à une souffrance, nous avons une désorganisation au niveau des cellules du cerveau, c’est un enfant qui va nous faire de l’épilepsie. Toutes ces personnes sont exposées à faire des crises d’épilepsie, et dont la répétition va entraîner la maladie de l’épilepsie.
Propos recueillis par Sandra Kohet