L’écrivain d’origine camerounaise propose une œuvre qui invite à la réflexion sur l’expansion de l’occupation coloniale des terres à partir d’une étude du fait colonial. C’est à l’occasion du Salon International du Livre d’Abidjan (SILA 14) qu’il a pu donner des détails sur son tout premier livre, un essai intitulé Du désir de vie. Essai sur une écologie de libération en postcolonie, Dakar/Paris, Kala-Hermann, 2024. Interview avec Laurore.net
« Du désir de vie. Essai sur une écologie de libération en postcolonie », de quoi parlez-vous exactement dans cette œuvre ?
“Du désir de vie, essai d’une idéologie de libération en post colonie”, le livre traite justement de la question de la vie. Mais la question de la vie après la colonisation. Et c’est situé dans un cadre spécifique qui est celui de l’Afrique, parce qu’il est aujourd’hui nécessaire qu’en Afrique on puisse panser nos problèmes à partir de nos idées, à partir de nos paradigmes, à partir de nos entités, à partir de nos cultures, et non plus de répéter les théories que les occidentaux nous ont imposées. Qu’il s’agisse de l’écologie, qu’il s’agisse de la politique, qu’il s’agisse des pratiques en rapport avec le vécu, avec l’existence.
C’est dans cette logique que j’ai écrit et pensé cet essai qui parle d’un concept précis, comme je le disais, celui de mon histoire, histoire de ma famille, qui a vécu des multiples déportations, à cause de l’accaparement des terres. Que ce soit pour des plantations coloniales, que ce soit pour la déforestation, que ce soit pour l’extraction. Je parle de tout ça dans le livre.
Pourquoi parler de cette réalité dans un essai, est-ce adressé à une cible précise ?
Pourquoi un essai, parce que déjà comme je vous l’ai dit, j’ai voulu mettre en avant un problème, résoudre une problématique, la mettre devant la scène et l’entrée qui me semblait la plus convenable, c’est justement un essai. Il n’est pas destiné à un public cible. Certes, je suis un universitaire, mais il est destiné à tous les publics, c’est pour ça que le livre est écrit de la manière la plus simple possible. Et comme je l’ai expliqué aussi, en termes de vos questions, il y a un aspect de mon vécu. Il y a un côté narratif, c’est à dire qu’il n’est pas théorique, ce n’est pas de la théorie politique, ce n’est pas non plus de la théorie philosophique. Et je le dis d’ailleurs à l’introduction que dans le livre, je ne fais pas de la philosophie. Je parle d’une réalité, je parle pour que ma grand-mère, qui vit encore, qui n’a même pas son certificat d’études primaire, puisse comprendre ce que je dis. Je parle de la manière la plus simple possible, je parle des problèmes qu’on crée et ce que nous rencontrons au quotidien. Je l’explique de manière simple, donc il n’est pas destiné à un public de savants, à un public d’universitaire, il est destiné à tous les publics.
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Vous êtes camerounais d’origine, pourquoi avoir fait éditer votre livre par une maison d’édition Sénégalaise ?
Le Sénégal, c’est l’Afrique, je suis panafricain, aussi, donc forcément, que ce soit, le Sénégal, la Cote d’Ivoire, le Cameroun, le Benin, c’est l’Afrique. En tant que panafricaniste, on devrait aujourd’hui déconstruire toutes les frontières entre les pays et penser en tant qu’une seule entité. Voilà, le livre est édité par une maison d’édition Sénégalaise, en collaboration avec une maison française. Du coup, il paraît simultanément au Sénégal, pour la partie Afrique, et moi ça m’arrange énormément, et que je le présente pour la première fois à Abidjan, dans le cadre de ce Salon. Je suis totalement satisfait en tant que panafricaniste, et ensuite, il paraîtra en France pour la partie européenne et par la suite, il y aura une traduction en anglais.
Vous êtes à votre première œuvre, comptez-vous vous en arrêtez là ? Sinon, quels sont les thèmes que vous aborderiez ?
Déjà il y a des essais en vue. Un autre qui est achevé déjà et qui sera envoyé d’ici peu à l’éditeur. Je continue dans la même trame. Je travaille dans le cadre de ce qu’on appelle la pensée dé coloniale. Et du coup je dois rester dans cette trame parce que l’enjeu aujourd’hui en Afrique c’est qu’il y eu les dé colonisation artificielles, politique, mais il n’y a pas eu la décolonisation des sujets, des citoyens, les décolonisations des pratiques imaginaires, des manières de penser, de faire. Donc moi aujourd’hui, je travaille à ce que ces imaginaires, ces pensées de faire et d’agir puissent être décolonisées pour que nous produisions de nouveaux types de sujets. Des sujets qui se sentent libres pleinement, parce qu’ils sont libres, ils prennent leur destin en main.
Interview réalisée par Sandra KOHET