A peine les lampions se sont-ils éteints sur la première rencontre « pour briser la glace » comme l’a si bien dit Henri Kona Bédié lui-même, et le Président de la République, Alassane Ouattara, réélu pour un nouveau mandat de 5 bonnes et longues années, que le PDCI-RDA use déjà de dilatoire.
« Le Président du PDCI-RDA tient à préciser que la rencontre ce de jour n’a été qu’une prise de contact pour briser le mur de méfiance entre ces deux hautes personnalités » est une indication révélatrice de l’état d’esprit du commando de Bédié qui croit tenir le bon bout.
Un pays ne saurait s’arrêter à la satisfaction des exigences d’égo de chacun de ses citoyens sinon on ne s’en sortirait pas. Là où Bédié lui-même a refusé tout dialogue avec des jeunes soldats qui ne demandaient que le paiement de leurs primes, en décembre 1999, il bénéficie d’une main secourable pour lui redonner de l’honneur.
L’élection présidentielle est finie et il sait que par le jeu des relations internationales, il n’y aura jamais de retour en arrière. Il faut bien avancer, quitte à opérer des aménagements en cours de chemin. Et cela, le Président élu entend aborder toutes questions sans tabou. Il ne faudrait donc pas en rajouter une couche avec des préalables pitoyables.
Par un appel à la désobéissance civile lancée par une plateforme hétéroclite d’intérêts divergents et d’approches non concertée, 85 ivoiriens sont morts et d’autres marqués à vie. Résultat des bêtises, Alassane Ouattara a été réélu, il est toujours cramponné au gouvernail du navire ivoire, la Côte d’Ivoire n’est pas en guerre, loin de la « catastrophe » promise par Laurent Gbagbo dans sa dernière sortie sur TV5 !
Prenant en compte les avis et conseils d’amis de la Côte d’Ivoire, d’illustres personnalités qui préfèrent l’ombre pour que la lumière soit sur le pays, le Président de la République, a sans préalable, tendu la main sincère de paix, à Henri Konan Bédié. On voit bien qu’il a saisi le bout des doigts et laissé la paume de la main.
Comme un enfant gâté, le PDCI-RDA remet le couvert des préalables. « Les problèmes politiques soulevés par l’opposition demeurent, à savoir le troisième mandat inconstitutionnel du Président Alassane OUATTARA, la question de l’indépendance de la CEI et du Conseil Constitutionnel et la fiabilité de la liste électorale. A ces questions s’ajoutent aujourd’hui celles des poursuites judiciaires contre les leaders et militants de l’opposition injustement et illégalement incarcérés, le blocus des résidences des premiers responsables de l’opposition, les violences dont sont victimes les militants de l’opposition, les destructions de biens et les graves massacres des populations civiles » soulève le PDCI-RDA.
Alassane Ouattara a été réélu, « abanan péou ! » (C’est fini en malinké, NDLR). Il n’y a donc plus de caractère inconstitutionnel à son élection. Les poursuites judiciaires ne sauraient être un préalable si le PDCI-RDA a un peu de respect pour ces 85 personnes tuées. Que Bédié aille dire aux parents et victimes qu’il exige la libération de ses hommes, membres de son CNT, dont les actions ont conduit à la mort de leurs parents, et il verra leur réaction.
La Côte d’Ivoire ne peut poursuivre son chemin de construction avec toujours dans l’esprit des ivoiriens, que chaque 5 ans, la psychose d’élection présidentielle meurtrière sera au rendez-vous. Il faut bien en finir une bonne fois pour toutes !
Après une tentative de coup d’Etat manqué, les acteurs de cette tentative de putsch ne méritent que d’être traduits devant les tribunaux. En Turquie, Recep Tayyip Erdogan a fait son nettoyage, propre, net !
Le PDCI-RDA et ses dirigeants devraient avoir honte d’estimer que la vie de 85 ivoiriens ou non, ne pèse un clou face au sort de cadres qui rêvaient en la réussite de ce coup d’Etat. La décence devrait un tant soit peu exister en politique même si ce n’est pas une tasse de thé bien appréciée dans ce milieu.
« Dans les jours à venir, après la satisfaction des conditions préalables soulevées par le PDCI-RDA, des discussions que le PDCI-RDA espère sincères, franches et inclusives vont s’ouvrir et porter sur toutes les questions en vue d’un apaisement du climat social en Côte d’Ivoire » impose le parti de Bédié.
Si en face le pouvoir émet des préalables, les violences bien organisées telles que le stipulent des messages partagés sur les téléphones portables entre des franges de militants de cette opposition, se poursuivraient-elles ?
Il faudrait à Bédié et son commando, reconnaître leur défaite. Après la tentative de putsch manquée du 19 septembre 2002, Guillaume Soro a mené la barque des négociations, âprement, intelligemment pour conduire Laurent Gbagbo à l’élection présidentielle d’octobre 2010 et fin novembre 2010. Sans préalable mais avec lucidité.
Alassane Ouattara est bien conforté par sa réélection et sa légitimité. Après les dégâts imposés à l’économie par la pandémie du Coronavirus, le PDCI-RDA ne saurait être ce coronavirus mutant dans le corpus social ivoirien. En cette fin d’année, les opérateurs économiques sont gagnés par l’angoisse. En deux semaines, des pertes financières énormes, des activités dans le secteur du tourisme, à l’arrêt. Le transport routier est sous respiration artificielle. A un moment donné, il faut savoir s’arrêter. L’égo surdimensionné n’a jamais été un bon appui de réussite, même en politique. Le vieux parti qui devrait regorger de sages, semble être rempli de personnes dont la haine pour Alassane Ouattara, semble leur faire perdre la lucidité politique.
ARS