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Violences électorales- Voici ceux qui augmentent les chiffres des réfugiés au Libéria
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4 ansle
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RedactionDes ivoiriens qui craignent la répétition de la grave crise postélectorale de 2010-2011, ont trouvé refuge au Libéria voisin selon des rapports de l’UNHCR. Dans la région du Tonkpi, des habitants de Zouan-Hounien et Bin-Houyé ont traversé le fleuve nuyon au péril de leurs vies pour se retrouver au Liberia avant le 31 octobre 2020, jour de l’élection présidentielle et même après. Laurore.net a décidé de suivre les traces de ces réfugiés dont le nombre ne cesse d’augmenter au fil des jours.
Après avoir passé, la nuit dans la ville aurifère de Zouan-Hounien, ville natale d’un des leaders de l’opposition ivoirienne, Mabri Toikeusse, l’équipe de laurore.net rallie Bin-Houyé où nous attendait notre guide du jour pour la traversée du Nuyon par le village de Dohouba. Le bac qui sert à traverser est immobilisé pour cause de fermeture de frontières, mesures liées à la lutte contre la propagation du Coronavirus. Une pirogue sert en lieu et place du bac pour toute traversée. À notre corps défendant, nous embarquons après avoir payé le droit. Une poignée de minutes, nous sommes de l’autre côté, au Liberia. De nombreuses personnes attendent de monter dans la pirogue pour rejoindre la Côte d’Ivoire. Parmi eux, des ivoiriens et aussi des libériens qui viennent s’approvisionner en Côte d’Ivoire.
Curieux, nous nous intéressons plus aux Ivoiriens. À la question de savoir d’où ils viennent, l’un d’eux accepte de répondre à nos questions. « Il y a de cela quelques jours, nous avons eu peur de la violence et surtout des rumeurs pour nous réfugier au Liberia. Les gens disaient que comme nous sommes de chez Mabri Toikeusse, Alassane OUATTARA va envoyer ces miliciens pour nous tuer. Nous avons eu peur et nous avons quitté le pays. Mais, nous rentrons car depuis il n’y a rien. Nous avons su que ce sont des mensonges pour diviser et faire peur aux gens », explique Ninkaleu Yves.
Selon lui, plusieurs de ses concitoyens sont rentrés au pays. Après ce témoignage, nous prenons le chemin de Buutuo, première sous-préfecture du pays de Georges Weah. Après des contrôles au poste de police, nous enfourchons une moto. Une trentaine de minutes et nous voici à Buutuo. Entre-temps, au bord du fleuve nuyon, une dame nous avait instruit de voir un certain Prince, chargé de relever les noms de tous ceux qui ont traversé pour la circonstance. Une fois à Buutuo, nous cherchons à le croiser. Mais, malheureusement, notre homme est absent de la ville pour la campagne des élections sénatoriales. Nous sommes reçus par Rita Dahn, l’une des femmes influentes de la ville. Elle tient une boutique et un motel. Sa boutique est contiguë au bureau où sont enregistrés les réfugiés. Elle décide de nous décrire un peu ce qui se passe avec ceux qui viennent de la Côte d’Ivoire.
« Ici beaucoup d’ivoiriens de Bin-Houyé ont une famille. Soit par les liens du mariage ou par des liens séculaires. Les premiers jours, ils sont venus nombreux et ont été accueillis dans des familles. Aucun camp de réfugiés n’existe chez nous ici comme le font croire certaines personnes. Quand ils arrivent, ils se font enregistrer chez Prince et vont dans les familles qu’ils avaient déjà l’habitude de visiter ici », nous relate-t-elle.
Des consignes fermes des autorités Libériennes
Au dire de notre interlocutrice, les ivoiriens qui sont arrivés ont été clairement prévenus par les autorités compétentes. « Nos autorités sont fermes là-dessus. Les gens racontent en Côte d’Ivoire que ceux qui fuient, viennent pour se préparer et aller faire la guerre. Non. Ici nous leur avons dit que toute personne qui vient chercher refuge chez nous et participe à une quelconque action de subversion en Côte d’Ivoire et que nous l’apprenons, sera purement et simplement mis aux arrêts et conduite à la frontière pour répondre de ses actes sur sa terre natale. Nous n’allons jamais permettre que notre terre serve de base arrière à des individus. Nos autorités le leur ont dit de vive voix », révèle notre interlocutrice.
Après des échanges avec elle, nous sommes conduits dans une famille d’accueil. Gueï Patrice, fils de Bin-Houyé est avec sa femme et ses 4 enfants. Au Liberia, où il s’est réfugié, il est dans sa belle- famille. « Ma famille vient d’ici. Quand les bruits et les rumeurs ont commencé à être insistants, j’ai préféré mettre ma famille à l’abri ici. Même si les conditions sont difficiles, nous sommes obligés de nous adapter. Beaucoup sont rentrés à Bin-Houyé et des villages d’où ils sont venus. Moi-même je rentre à la fin de la semaine pour mettre mes enfants à l’école », fait-il savoir. Natif de Pépleu dans la commune de Zouan-Hounien, Kpan Benoît enseigne le français dans une école à Buutuo depuis une dizaine d’années.
Il nous révèle pourquoi les chiffres au niveau du HCR ont grossi. « J’assiste toujours aux rencontres quand des compatriotes arrivent ici. Pour ces derniers jours, les gens sont arrivés mais en toute sincérité pas en grand nombre au début. Mais, quand les gens ont appris que le HCR était en train d’enregistrer les noms de tous les réfugiés, ils ont commencé à affluer. Ils viennent, ils s’inscrivent ici et retournent en laissant leurs contacts, espérant bénéficier de quelque chose. Ici il n’y a pas de camp de réfugiés. Celui qui est chargé d’enregistrer les noms les communique au niveau régional pour une compilation au niveau national. Donc les chiffres qu’avance le HCR peuvent être vérifiés par le simple fait que des individus ont pris le malin plaisir de traverser et venir s’inscrire sur une liste de réfugiés. C’est tout simplement ridicule », se révolte M. Kpan.
Chez Éric Smith, un pasteur, une famille d’ivoiriens s’y trouve et a décidé de rester jusqu’à ce que le cycle électoral prenne fin. « De toutes les façons, je peux me rendre à Bin-Houyé, en Côte d’Ivoire et puis revenir ici au Liberia. Mais en toute sincérité, tant que les élections législatives ne finissent pas je préfère rester ici avec ma famille. Nous ne sommes pas maltraités ici. Tout se passe bien avec notre tuteur qui est un homme de Dieu », soutient Tomé Joseph.
Après une journée au Liberia, nous prenons le chemin de retour pour Bin-Houyé. Sur le chemin, une dizaine d’enfants dont l’âge oscille entre 6 et 12 ans retournent aussi en Côte d’Ivoire en compagnie d’un jeune homme, la trentaine révolue. Ils avaient été mis à l’abri par leurs parents qui craignaient une guerre vu les images qui revenaient des autres localités. Aujourd’hui, avec le calme, tout le monde revient pour reprendre les activités et participer à la vie de la nation.
Oulaï Solange, envoyée spéciale à Buutuo Liberia
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