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Interview- Geoffroy-Julien KOUAO (Analyste politique) : « Le PDCI et le FPI ne sont plus en position de force pour revendiquer des réformes »

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Le rapport de force a tourné selon l’analyste politique Geoffroy-Julien KOUAO, en faveur du président ivoirien. Dans cet entretien jette un regard sur la stratégie d’Alassane Ouattara et celle de l’opposition ivoirienne, qui n’est plus, selon lui, en situation de force pour exiger quelques reformes au pouvoir.

Ce lundi 14 décembre 2020, Alassane Ouattara prête serment. Qu’est-ce que cela augure pour la suite du film politique ivoirien?

Cette prestation de serment est précédée par la dissolution du conseil national de transition par M.Bédié. C’est la preuve que M. Ouattara est sorti vainqueur du bras de fer avec ses opposants et ce lundi, ce sera la confirmation juridique et politique de cette victoire.

En tentant de reprendre la main par un appel au dialogue national, quelles sont les chances de l’opposition ivoirienne?

L’opposition ivoirienne a fait preuve d’un amateurisme politique confondant. Elle manque de stratégie, de vision. Elle sort perdante de la crise et permet à M.Ouattara de gouverner seul alors qu’un gouvernement d’union nationale s’imposait. Aujourd’hui, la conjoncture politique nationale est favorable à M. Ouattara.

Sans Soro qui demeure un acteur de premier plan, et qui a été le faiseur d’homme en 2010, quelles sont les chances de Bédié et Gbagbo?

Bédié est politiquement affaibli. Sa dernière déclaration prendre valeur de capitulation. M. Gbagbo n’aura pas la force nécessaire pour réconcilier sa famille politique et s’opposer à M. Ouattara.

Avec un FPI divisé, Gbagbo peut-il être un sésame salvateur pour son parti?

 Je ne le pense pas. L’actualité politique a donné une nouvelle stature à M. Affi et il sortira de prison plus populaire et il cherchera à capitaliser cette nouvelle donne en dynamique politique au sein du FPI et aussi au niveau national.et ce au détriment de M. Gbagbo.

Comment voyez-vous le RHDP, un parti fort ou plutôt apeuré?

Le RHDP tourne autour du charisme de M.Ouattara. Il se résume aujourd’hui au seul RDR. Si l’opposition avait été stratège et réaliste, l’alternance aurait été possible. Avec les leviers du pouvoir, le RHDP reste redoutable et essayera de fragiliser davantage l’opposition, ce qui politiquement normal.

Pensez-vous qu’à un moment donné des violences qui ont émaillé la campagne et le scrutin électoral d’octobre 2020, le RHDP avait lâché son chef?

La loyauté du RHDP à son chef est restée intacte. Contrairement à ses principaux opposants, M.Ouattara sait choisir ses collaborateurs.

Quelles sont les pistes d’approche de sortie définitive de crise?

Non, la crise électorale est finie. Il faut penser maintenant aux législatives. Le PDCI et le FPI ne sont plus en position de force pour revendiquer des réformes. Tout dépendra du bon vouloir du pouvoir RHDP.

Quelle aura été selon vous le rôle de la France dans cette récente crise ivoirienne?

La France est un État qui défend ses intérêts et agit selon le rapport de force interne. Elle a vite compris que le rapport de force est du côté de M.Ouattara.

En invitant ses cadres du RHDP à conquérir l’électorat et ne pas compter sur lui, que pensez-vous de la stratégie d’Alassane Ouattara?

Ouattara voit le long terme et se rend compte que son parti n’est pas aussi populaire qu’on pourrait le penser. La politique, c’est la proximité, et il lui donc des relais dans les villes et communes avec des personnalités populaires.

La Côte d’Ivoire est-elle sortie de l’ornière selon vous?

La réponse est malaisée. Dans la tradition houphouétienne. M.Ouattara déplace les problèmes sans les résoudre. Il faut revoir le cadre juridique et institutionnel des élections.

ARS