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Législatives 2021- Sacko Oumar, candidat 2.0 se jette parmi les félins du pouvoir à Cocody

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Un « jeune », terme qu’il réfute, s’est jeté dans le bain de vieux crocodiles, pas toujours prêts à céder la place à une nouvelle génération, volonté manifestée dans une Côte d’Ivoire où la régénération de la  classe politique, est de plus en plus demandée.

A 43 ans, Sacko Oumar alias Kissinger, du nom d’un ancien secrétaire d’Etat américain, fils d’une grande famille multi-ethniques, sarakolé, Baoulé, Gagou, malinké, né à Bouaké, dans le centre-nord ivoirien où il obtint son Baccalauréat, voit loin. En refusant de rejoindre l’université de Bouaké, pour y faire des études de Sciences Economiques, abandonnées pour l’Informatique, à Abidjan, il se forgeait déjà sa propre voie.

Cet ingénieur informatique, militant convaincu du RDR et du RHDP, en service dans un grand cabinet d’audit et de conseil comptable a franchi la ligne de la responsabilité politique, sans bénédiction ni parrainage de quel que baron que ce soit dans les instances dirigeantes de son parti.

« J’ai déposé ma candidature parce que je suis militant du parti et je suis électeur résidant à cocody, et je pense que je peux porter haut la voix du peuple au sein du parlement. Donc voici les raisons fondamentales pour lesquelles j’ai déposé la candidature pour être coopté par mon parti » fait-il savoir à Laurore.net.

Membre de l’équipe de campagne de l’ex-ministre de la Communication, Affoussiata Bamba-Lamine, laminée par Yasmina Ouégnin, fille de l’ancien directeur du protocole de feu Félix Houphouët-Boigny, Georges Ouégnin, celui qui se désigne comme un « adulte », connaît le terrain de Cocody, quartier huppé d’Abidjan où résident des grandes familles de la politique ivoirienne, des hommes d’affaires…

Et s’il n’est pas retenu par le RHDP pour défendre ses couleurs à Cocody ? Il est fair play et se dit à une école, celle de la politique.

 « Moi je n’ai pas de problème avec ça. Parce que le parti est une association. Quand on adhère à un parti politique, cela veut dire qu’on est conscient des statuts et règlements intérieurs. Pour quelqu’un qui est discipliné, il se doit de respecter ces dispositions.  Je peux comprendre que certaines personnes qui ne seront pas retenues par le parti candidatent en tant qu’indépendants. C’est leur libre choix. Mais, moi en ce qui me concerne, au regard des textes de mon parti, je ne partirai pas en indépendant si je ne suis pas  retenu » assure-t-il.

« Je pense aussi qu’il faut être  un modèle pour cette masse (de la jeunesse). La vie en société est régie par un certain nombre de règles qu’on doit respecter.  On dit quand on veut aller vite on marche seul, mais quand on veut aller loin, on marche ensemble. Moi je suis d’un parti politique, je sollicite la caution de mon parti.  Si mon parti ne me l’accorde pas cette fois, j’attendrai une autre fois. Et donc c’est ce message là que je veux faire passer à mes amis, à ceux qui veulent bien me soutenir pour dire le fonctionnement en société est tout de même régi par un certain nombre de règles. Il faut respecter la parole donnée. Donc c’est ce message que je passerai à mes amis » le fondateur de JOMIF, un cadre de rencontre de forums et groupes créés sur facebook et qui draine un très grand nombre de personnes, au-delà des clivages politiques.

Celui qui revendique ses 18 ans d’expérience professionnelle, se présente comme un gagneur, et non un looser. « Quand je me lance, c’est pour aller gagner. On ne va pas à une compétition en se disant qu’on ne peut pas gagner. Je mesure les forces et les faibles et puis j’essaie de travailler sur les faiblesses de sorte à ce que les forces soient supérieures aux faiblesses » assure Sacko Oumar, toujours bien mis, un air de sérénité se dégageant de sa personne. Il sait où il va.

Déjà, ses amis du collège moderne TSF de Bouaké, du lycée classique de Bouaké se sont manifestés à ses côtés. « Une amie au Burkina m’a envoyé l’argent pour payer ma caution de 500.000 FCFA non remboursable » précise-t-il comme pour dire qu’il n’est pas riche financièrement  mais riche de ses amis, de son intelligence, de ses idées.

Pour le prétendant au parrainage du RHDP, le parti d’Alassane Ouattara, au pouvoir, il faut changer les paradigmes d’approche politique. « On ne peut pas faire la politique avec de l’argent ; avec 200 millions FCFA, je vais créer deux entreprises. Ce sont des positions que je vais défendre à l’Assemblée Nationale » soutient Sacko Oumar.

En un mot, il s’agit selon lui de « rompre avec les discours démagogiques » car, « ce serait faire une injure à l’électeur de Cocody que de penser à lui distribuer de l’argent », assure-t-il. « L’électeur m’attend sur ses attentes » soutient Kissinger qui a pour stimulant, « la peur ».

Musulman marié à une chrétienne, Sacko Oumar estime être « riche de mon engagement, de mon sérieux ; c’est la meilleure école » croit-il savoir.

« Bon enfin moi je suis candidat, je ne fais pas de ma jeunesse ou de ma supposé jeunesse, un atout. C’est parce que en Afrique on pense qu’à 43 ans on est encore jeune. Donc je ne suis pas jeune, je suis peut-être proche des plus jeunes, mais vraiment je ne suis pas jeune.  Après je ne pense pas que la jeunesse soit l’élément qu’il faille mettre en avant. On ne demande pas un renouvellement pour un renouvellement. Nous, nous prônons les valeurs, nous prônons des qualités et je pense que c’est ce qu’il faut mettre en avant. On peut être jeune et être sans valeur » précise Sacko Oumar.

Pour avoir réussi à créer un lien étanche avec des milliers d’ivoiriens, sans camoufler sa coloration politique, il estime que c’est un atout même s’il précise qu’il ne fera pas campagne avec JOMIF. « Respecter les différences » est une valeur célébrée au sein de ce forum qui a en décembre dernier, fait un don de vivres et de non vivres, à la pouponnière de Bouaké.

Lundi 4 janvier 2020, à 18h, Sacko Oumar a franchi le gué, serein, sûr de son fait, maitrisant les chiffres des élections depuis 2010 entre le RDR, le FPI et le PDCI-RDA, qui se disputent cette circonscription électorale de boss.

« Sur les réseaux sociaux, on peut s’amuser mais il y a du sérieux » précise Kissinger, justifiant ce saut décisif effectué dans le marigot essaimé de piranhas politiques. Sur ce terrain, point de cadeau à l’adversaire, surtout qu’il a réussi à mobiliser du beau monde à JOMIF à partir d’une idée de la vie en communauté.

Les élections législatives sont prévues pour le 6 mars 2021 après une présidentielle remportée par Alassane Ouattara devant Kouadio Konan Bertin (KKB), un “jeune” insoumis du PDCI-RDA, devenu ministre en charge de la Réconciliation Nationale, une denrée après laquelle le pays court depuis la grave crise postélectorale de 2010-2011 qui a fait 3000 morts.

Adam’s Régis SOUAGA