Psychologiquement, elles sont abattues. Les familles des détenus des affrontements communautaires à Dabou pendant la présidentielle du 30 octobre 2020 ne savent plus à quel saint se vouer. Voilà cinq mois qu’elles n’ont plus revu leurs progénitures et se trouvent dans l’ignorance totale des suites judiciaires de cette affaire.
Anxieux, c’est peu dire. Les parents qui sont sans nouvelles de leurs progénitures, depuis plusieurs mois, sont inquiets à cause de la longue détention.” Lorsque j’y pense je n’arrive pas à trouver le sommeil“, confie Sako Ramatou dont le fils se trouve parmi les pensionnaires actuels de la Maca, la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan à Yopougon.
Comme elle, dame Kouamé Isabelle, veuve et mère de cinq enfants éprouve beaucoup de chagrin en ce moment.” Cinq mois qu’on n’a pas vu nos enfants, c’est dur”, soutient-elle.
En effet, pour raison de Covid-19, les visites sont presque interdites. De même ceux des parents qui essaient de rendre visite à leurs progénitures, sont soumis à un racket de la part des gardiens.” Pour voir les enfants, vous devez franchir plusieurs étapes. Chaque fois, j’ai payé 500f CFA. En tout, j’ai dû laisser là bas au moins trois milles francs CFA. Depuis je préfère échanger avec lui au téléphone et lui envoyer un peu d’argent en cas de besoin”, rapporte Sidibé Madou.
Financièrement, la situation commence à peser pour nombre d’entre les détenus.” Chaque semaine on envoie de l’argent pour la nourriture. Car ils (les enfants) disent que celle qui est préparée sur place n’est pas consommable“, signale Konaté Aminata.
En plus d’envoyer de l’argent pour la nourriture, les parents expliquent qu’ils doivent payer de l’argent chaque semaine à titre de rançon aux autres prisonniers afin que leurs enfants puissent coucher dans des lieux salubres de la prison où ils se retrouvent entassés à plus de 110 personnes.” Si tu ne paies pas, ils laissent les enfants dormir près des toilettes”, ajoute-t-elle.
Au regard des conditions difficiles de détention, beaucoup parmi eux arrivent à peine à supporter leur présence en ces lieux.” Chaque fois on est obligé d’envoyer de l’argent pour les soins. Parce qu’ils ne supportent pas là où ils sont. Ils souffrent régulièrement de gale et de diarrhée“, indique Sako Ramatou.
Le souhait de ces parents, c’est de voir leurs enfants recouvrer la liberté.” Nous demandons au président de nous aider. Nos enfants ne sont pas des “microbes” comme, le prétendent certains“, implore Ousmane Kano.
Baho Christelle, mère d’un élève de la classe de 4e, arrêté, se dit brisée par cette situation.” Aujourd’hui, on ne dort pas, on ne mange pas“, affirme-t-elle.
Pour Sako Ramatou, le plus difficile à supporter, c’est le fait de n’avoir aucune information sur leur sort.” On a approché certains de nos cadres comme le ministre Essis Esmel Emmanuel qui nous ont rassurées. Mais on sera soulagé que lorsqu’on les verra libre“, argue-t-elle.
Les affrontements communautaires qui secoué la ville au mois d’Octobre 2020 ont fait officiellement 21 morts et causé d’énormes dégâts matériels, rappelle-t-on. Plusieurs arrestations ont été effectués parmi les belligérants. Au moins une quarantaine de personnes ont été arrêtées et sont détenues à la Maca depuis le mois d’octobre.
I.T