Des mouvements d’humeur ont éclaté dans la journée du lundi 3 mai 2021 entre des élèves et chauffeurs de taxis de la ville de Man. Mouvements qui ont occasionné beaucoup de troubles dans la ville paralysant ainsi certaines activités notamment l’arrêt des cours dans certaines écoles, l’arrêt du travail par les chauffeurs de taxi, la fermeture de plusieurs magasins de la ville. Et pis, la journée carrière initiée par le ministère de l’éducation nationale qui devait se tenir ce mercredi 5 mai 2021 a été avortée à cause de ces mouvements d’humeurs.
Sur les raisons de cette rixe, il ressort que dans l’après-midi du lundi au quartier municipal de Man, un accident s’est produit faisant un mort. Le mort était un élève qui venait des cours qui a été percuté par un chauffeur de taxi roulant à vive allure. Après son forfait, le chauffard a pris la poudre d’escampette laissant l’élève dans un état comateux. L’élève est retrouvé mort par ses amis. Ce qui a suscité le courroux des élèves.
Ainsi, ils ont décidé dans la soirée du lundi de traquer les quelques chauffeurs de taxi qu’ils ont trouvé, créant une débandade dans la ville. Les choses vont évoluer le mardi. Une cohorte d’élèves surchauffés va prendre d’assaut certaines grandes artères paralysant le trafic en scandant: « on veut que justice soit rendue pour notre camarade ».
Cette manifestation qui pourtant était si pacifique va prendre une tournure de violences. Les quelques chauffeurs de taxi qui croisaient les élèves et voulant forcer les barricades dressées par ceux-ci vont essuyer des jets de pierres sur leurs vitres. Plusieurs taxis ont vu les vitres brisées par les élèves très irrités. A la fin de la journée du mardi, une chasse à l’homme entre élèves et chauffeurs de taxi est lancée. Les chauffeurs traquent les élèves qu’ils croisent, qui eux, à leur tour répliquent par des jets de pierres et vice-versa.
La matinée du mercredi 5 mai 2021 va débuter par la violence. Alors que la journée carrière se tient au lycée moderne 2 de Man, les organisateurs et élèves vont recevoir la visite de certains chauffeurs surexcités qui intiment l’ordre de tout arrêter. Cette journée carrière qui pourtant avait bien démarré va être avortée. Les chauffeurs de taxis vont investir la ville gourdin en mains, cailloux et placer à leur tour des barricades au centre ville et au marché. Un seul mot d’ordre, récupérer les élèves qu’ils trouveront pour régler leur compte. Les élèves eux aussi, organisés en bandes, vont se munir de gourdins et confrontés ces derniers. La ville est surchauffée, les policiers et gendarmes sont mis à rude épreuve. Les gaz lacrymogènes sont jetés pour disperser la foule mais en vain. Ils seront eux aussi pris à partie soit par les élèves soit par les chauffeurs de taxi. Les différents syndicats tentent de ramener le calme mais cela ne suffit pas. Les chauffeurs de taxi vont aller plus loin en allant faire sortir certains élèves en cours. Une sérieuse correction corporelle est servie à ceux qui sont récupérés dans la débandade.
Paralysie totale
Cette situation a créé un trouble considérable dans la ville notamment au quartier Commerce, le plus mouvementé de la ville en journée. Magasins fermés, circulation perturbée, aucun taxi ne roule depuis mardi soir, un calme précaire s’est emparé de la ville. Les quelques commerces qui ont ouvert ont décidé de fermer. Le marché s’est vidé progressivement. Les seuls à faire la loi sont les chauffeurs de taxi et leurs armes. Pour eux, plus question de négocier avec les élèves, « ils ont commencé on va terminer pour eux », s’expriment-ils. Joint au téléphone, le préfet de police nous explique que tous les moyens sont en train d’être déployés pour faire revenir le calme. Les syndicats des transporteurs eux tentent de régler en négociant avec leurs membres. Mais, la ville de Man est toujours sous tension. Un calme précaire règne dans la ville.
Solange Oulaï