Depuis quelques semaines, depuis la nuit du 20 au 21 avril 2021, les ivoiriens vivent au rythme des coupures de courant, « perturbations » expliquées par la longue « sécheresse » selon Cissé Sabati, Directeur Général de l’Energie. Mais, pour les ivoiriens, le coupable trouvé est la Compagnie ivoirienne d’électricité, qui ne s’occupe que de la distribution. La CIE a bénéficié de la confiance de l’Etat de Côte d’Ivoire par un renouvellement de sa concession pour 12 nouvelles années. Le résultat d’une expérience et d’investissement réalisés depuis 1990.
Elle a donc choisi de braquer les projecteurs sur les perturbations dans la fourniture de courant qui irrite l’ensemble des ivoiriens. Il ressort de l’entretien avec le Directeur de la production d’énergie, Didier Kouamé, que « La production nationale de la Côte d’Ivoire pour satisfaire la demande est constituée de production à base hydraulique (30%) et de production à base thermique à gaz (70%). C’est le mixte des deux types d’énergie qui permet de satisfaire entièrement la demande. Le stock hydraulique se constitue durant la saison des pluies et il permet d’être utilisé pour passer la saison sèche. Il se trouve que depuis l’année dernière, le stock hydraulique n’a pas atteint ses valeurs habituelles du fait de l’insuffisance des apports hydrauliques. Cette sécheresse s’est aggravée cette année. En outre, ce faible stock a été prématurément utilisé en fin d’année dernière et en début d’année pour compenser le déficit du thermique occasionné par la panne d’une machine d’Azito (300 MW). »
Il reconnaît que le cycle pluviométrique est « Effectivement cyclique » mais, assure-t-il, « La situation de cette année tient du fait qu’il fait plus chaud et le stock hydraulique faiblement constitué l’année dernière a été prématurément utilisé. »
Pour les ivoiriens, avec la construction du barrage de Soubré, les perturbations auxquelles on assiste ne devraient pas avoir lieu. Sur la question, Didier Kouamé assure que la sécheresse dont s’agit n’a pas influé sur cet ouvrage. « Le barrage de Soubré qui ne dispose pas de grand lac est faiblement concerné par ce problème. » « Cependant, sa production dépend de celle du barrage de Buyo qui se trouve en amont. Le lac de Buyo est quant à lui concerné par ce problème. Il a été faiblement constitué l’année dernière et a été utilisé prématurément également pour compenser le déficit en thermique expliqué plus haut » explique le Directeur de la production d’énergie de la CIE.
M.Kouamé soutient que « La demande maximale en puissance se situe chaque jour autour de 1650 MW. Lorsque tous les groupes thermiques sont en marche avec leur pleine puissance, on obtient 1350 MW. Il s’en suit qu’il y a un déficit qui ne peut être comblé que par l’hydraulique. La puissance hydraulique installée est de 879 MW. Cependant, du fait des niveaux des lacs très bas et la réserve actuelle en eau insuffisante pour passer toute la période sèche, ce déficit n’est pas toujours résorbé. En plus, les groupes thermiques peuvent être sujets de panne, augmentant le déficit. »
Optimiste quant à la venue des grandes pluies, Didier Kouamé soutient que « Le remplissage des lacs va commencer à partir de la fin du mois de Mai pour le lac d’Ayamé et à partir d’Août-Septembre pour les lacs de Kossou et de Buyo. Lorsque les stocks hydrauliques seront reconstitués, l’énergie produite à base hydraulique pourra résorber le déficit actuel. En outre, il est prévu la mise en service de nouveaux groupes thermiques à Azito en Août (253 MW). L’arrivée de ces groupes initialement prévue en Février a été retardée par la Covid-19 (les monteurs ne pouvaient pas faire le voyage en Côte d’Ivoire) » précise-t-il.
Aussi, assure-t-il, « En attendant la période des pluies, plusieurs solutions sont mises en œuvre pour réduire les effets des coupures : L’arrêt de tous les arrêts programmés des groupes de production, la limitation à son strict minimum de l’exportation, l’effacement des gros clients industriels et miniers. »
Adam’s Régis SOUAGA