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Education Nationale- Un enseignant corrige la leçon sénégalaise “non pertinente” de Mariatou Koné

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Cette publication est la première d’une série que je ferai avant l’ouverture des assises sur les états généraux de notre école. Ces états généraux s’annoncent à entendre les échos qui nous parviennent du cabinet de la ministre de l’éducation nationale ivoirienne. Alors mettons les pieds dans le plat.
ACTE 1
Le Sénégal comme cadre d’imprégnation du ministre de l’éducation nationale et d’une forte délégation ivoirienne: une méthodologie qui ne me semble pas être toujours pertinente.
Pour rappel l’école ivoirienne est en crise: crise de compétitivité, crise de compétence, crise des valeurs. Cette école ivoirienne, depuis la décennie du chaos (1990-2000) au deux décennies ( 2000-2020) des conflits armés qui ont suivi celle du chaos, cherche ses marques dans un environnement délétère né de la crise économique des années 80 mais aussi de la médiocrité de notre classe politique qui nous a installés dans une permanence de crises de palais. L’école n’est pas hors de la société elle en est une composante. Par conséquent, elle en est le reflet. Les pédagogues avertis remonte cette chronologie indicative dans le temps et bien évidement l’intègre dans le temps de l’histoire : la longue durée de Fernand Braudel.
C’est donc la recherche de la solution miracle qui a poussé la ministre de l’éducation nationale Mariatou Koné à parler dès sa prise de fonction d’états généraux de l’école ivoirienne. La grande catharsis. Le grand diagnostic. Aux grands maux, les grands remèdes dit-on.  Nous encourageons madame le ministre dans cette voie, celle qui consiste à poser les problèmes de l’école dans un cadre de concertation nationale et de trouver les solutions appropriées. Des ateliers seront mis en place à cet effet et avec des compétences bien choisies. Nous avons suivi madame le ministre dans sa démarche, dans sa méthodologie. Une pédagogie qui se veut consultative ce qui l’a amené à avoir l’avis de ses prédécesseurs en les visitant mais aussi à activer le cadre de la coopération afin d’aller voir de visu et de s’imprégner de ce qui se fait ailleurs.
Bonne approche dira t-on! car il est toujours conseillé d’améliorer ce qu’on a en ayant toujours un référent, un modèle en la matière. Mais là où nous ne partagerons pas totalement le choix du ministère et nous pouvons nous tromper, c’est le fait qu’elle ait porté son choix sur le système éducatif sénégalais comme cadre d’imprégnation.  Dans ce cas, le Sénégal pourrait être perçu comme sa référence en matière d’éducation. Alors interrogeons nous. Le modèle éducatif sénégalais est-il plus performant que celui de la Côte d’Ivoire pour que nous en fassions une référence? Telle est la question de départ. Qu’est ce qui a bien amené la ministre à faire le choix du Sénégal ?  Deux indices nous interpellent.  Le Sénégal jouit d’une longue stabilité et d’une expérience managériale en matière d’éducation qui méritent d’être copiés certes, mais ce qui n’est pas suffisant pour qu’il ait un système éducatif “de qualité” afin que nous le prenions en exemple. Nous avons quasiment les mêmes problèmes en termes de professionnalisation de nos systèmes éducatifs, de la qualité des méthodes et procédés d’enseignement et des ressources humaines avec un mode de recrutement lié à un diplôme inférieur ( le cas du BEPC pour le primaire). Sauf s’il y a eu des innovations récentes. J’aurais bien aimé que madame la ministre et la forte délégation qui l’accompagnait s’imprègnent de l’exemple marocain, Sud-Africain et/ou égyptien. Ces pays sont en tête du classement des meilleurs systèmes éducatifs en Afrique. Il s’agira de cerner le modèle anglo-saxon et le modèle typiquement hérité de la colonisation française qui a évolué dans le temps pour ne pas dire le modèle franco-canadien.
Ce que madame la ministre devrait s’atteler à résoudre d’abord dans le cadre de la relance de notre système éducatif, c’est de maintenir l’école ivoirienne dans un environnement apaisé et de résoudre la question de gouvernance et de la responsabilité individuelle au sein de notre système éducatif. Ici, les responsabilités sont à situer et les nominations doivent obéir à certains critères de compétence absolue ( je consacrerai un post sur la question) . C’est l’une des qualités majeures du système éducatif sénégalais. Quand Ibrahima Thioub est nommé à la tête de l’université C. Anta Diop de Dakar, cela ne surprend personne au Sénégal. Car, ce monsieur a fait ses preuves en dedans du milieu universitaire sénégalais tant dans la gestion des hommes que dans son cursus universitaire  mais aussi en dehors du Sénégal, à l’international où sa réputation a suivi  la renommée qu’il s’est construite par le travail. C’est un homme connu. Et sa réputation ouvre bien des portes à l’extérieur à l’université C. Anta Diop et du Sénégal.  Mais ici, ce n’est pas toujours le cas madame la ministre. Le choix des hommes pose problème. Nous avons besoin de grands managers dans notre système éducatif. Ce sont eux qui vont gérer les différentes directions rattachées à votre cabinet mais aussi les DREN, les DDN, les proviseurs des lycées et principal de collège  Aussi, avons-nous besoin des inspecteurs rompus à la tâche et des directeurs d’école qui accèdent à ce poste après un concours sélectif.
Pour moi, madame la ministre, le choix du Sénégal comme cadre d’imprégnation n’est pas  pertinent, il s’agit pour nous de retourner à notre orthodoxie. Note passé glorieux. Et ceux qui ont contribué à écrire cette page glorieuse de notre école sous Félix Houphouët-Boigny sont encore en vie pour certains. Il faudra élargir le cadre de la consultation et les ramener dans l’encadrement des acteurs de notre système éducatif à tous les niveaux. En Côte d’Ivoire les anciens sont mis à la retraite alors que souvent ils sont bons pour le service. Pourquoi l’Etat ivoirien ne signerait-il pas un contrat avec ces anciens retraités afin qu’ils continuent de former et de faire bénéficier aux plus jeunes leur expérience ? Là se trouve la question.
Cette réflexion est la première d’une série.
A demain pour la seconde.
Coulibaly Dognima
Instituteur ordinaire
Dr en Histoire moderne
Université Félix Houphouët-Boigny
NDLR: Le titre est de la rédaction