Un premier cas de malade à virus Ebola a été détecté à Abidjan, loin de la base d’origine de la malade. Kadidiatou Diallo, une jeune fille de 18 ans est internée au service des maladies infectieuses du CHU de Treichville.
Question, comment cette jeune guinéenne a-t-elle pu arriver à Abidjan, non pas par voie aérienne mais routière? Les frontières terrestres sont officiellement fermées dans le cadre de la lutte contre la Covid-19. Mais, il est évident à la lumière de cette situation sanitaire, que des agents de sécurité, dans un village de Touba, ont laissé passer des passagers en provenance de la Guinée.
Ils ont pris de l’argent avec ces passagers et le conducteur du véhicule, à quelques 700 Km d’Abidjan, dans l’Ouest du pays, se disant que ni le Directeur Général de la Police, ni le Commandant Supérieur de la Gendarmerie et encore moins le ministre de la Santé, de l’hygiène publique et de la Couverture Maladie Universelle ne sont là pour les voir.
Leur intérêt personnel met aujourd’hui des centaines de vie en danger, même si les autorités sanitaires assurent que le pays dispose du vaccin. Est-on sûr de pouvoir retrouver tous les voyageurs qui ont été avec Kadidiatou Diallo, entre N’zérékoré et Ouaninou jusqu’à Abidjan? Le faire serait mieux pour les ivoiriens déjà en proie avec la Covid-19.
Par cet acte qui met en danger un pays, il est clair que le Ministère de la Bonne Gouvernance, du Renforcement des Capacités et de la lutte contre la Corruption a du travail à faire. Les ivoiriens ont la corruption dans les gènes et préfèrent privilégier leur intérêt mesquin que le bien-être collectif.
Le Préfet de la région du Bafing devrait lui aussi convoquer une réunion d’urgence pour retrouver tous ceux qui ont été en contact avec la jeune guinéenne mais surtout retrouver les agents qui ont violé les instructions gouvernementales de fermeture des frontières terrestres pour faire front au Covid-19.
Un pays ne saurait se développer avec la propension à la corruption. Malheureusement, même face à des maladies mortelles, des agents de l’Etat privilégient les gains faciles au détriment de la vie de leurs compatriotes. On ne va pas organiser des séminaires, ateliers, conférences, mission d’explication, sensibilisation, à coût de millions de FCFA pour éradiquer la corruption des réflexes des ivoiriens. Surtout des agents des forces de l’Ordre qui saisissent toutes les opportunités pour se remplir les poches, foulant aux pieds toutes les instructions reçues des hiérarchies.
Quelle est le rôle de ces hiérarchies dans la propension au racket meurtrier de leurs hommes sur le terrain? Le fruit du racket reste-t-il dans les seules poches de ces agents dont le manque de professionnalisme et de patriotisme aura permis l’entrée sur le territoire national de cette jeune fille malade?
Seules des sanctions exemplaires conduiront à l’abandon de ces facilités qui sapent les efforts du gouvernement ivoirien. Il faudrait justement à ce Gouvernement faire plus que les discours de bonne foi et passer aux actes. Réussir à réduire les marges de manœuvre des racketteurs patentés serait un bon début sur le vrai chemin du développement.
Au-delà de cette histoire de santé publique, c’est la corruption et ses conséquences sur la sureté nationale qui se pose. Des apprentis terroristes peuvent donc corrompre des éléments, dont beaucoup sont devenus des activistes politiques, pour poser des actions contre la sécurité publique, en ayant en esprit de fragiliser le pouvoir d’Alassane Ouattara.
Il faudrait des sanctions exemplaires contre ces agents de Touba qui n’ont pas refoulé en Guinée Kadidiatou Diallo sur la base des instructions du CNS qui interdit toute entrée par voie terrestre pour contre le Covid-19.
Ce premier cas à virus Ebola a mis à nu les petits arrangements de ceux-là mêmes qui ont à charge de veiller sur la sécurité des ivoiriens. Leur laxisme et sa conséquence devraient servir de leçon à tous!
Adam’s Régis SOUAGA