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Monnaie- Le FPI propose la suppression de la clause de garantie du FCFA, “la BCEAO peut gérer de façon responsable”
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3 ansle
Par
Redaction
Cette semaine, le Front Populaire Ivoirien d’Affi N’guessan a choisi de partager avec les Ivoiriens sa vision sur la reforme monétaire du FCFA dans l’espace UMOA. Le spécialiste maison de la question monétaire décrypte les attentes et résultats attendus de cette réforme tant attendue par les pays utilisateurs de cette monnaie.
DEFINITION ET CONTEXTE :
Le 21 décembre 2019, les Présidents Macron au nom de la France et Ouattara au nom des pays de l’UMOA annoncent une réforme de l’accord monétaire qui gouverne la monnaie commune aux pays de l’UMOA. Cet accord corrige certaines dispositions décriées et en maintient d’autres.
L’UMOA comprend actuellement : le Bénin, le Burkina, la Côte-d’Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.
1 – Les dispositions corrigées ou annulées :
– Le nom de la nouvelle monnaie n’est plus le Franc de Communauté Financière Africaine (FCFA) mais ECO. Il faut souligner qu’à l’origine, le FCFA signifiait le Franc des Colonies d’Afrique ;
– La centralisation des réserves de change des pays de l’UMOA au trésor français est supprimée, ce qui entraine la fermeture des comptes d’opérations et le transfert des soldes de ces comptes à la BCEAO ;
– Les représentants de la France ne siègent plus dans les organes de gestion de la monnaie.
2 – Les dispositions maintenues :
– La parité fixe d’un Euro pour 655,9570 FCFA est maintenue ;
– La garantie de convertibilité de la nouvelle monnaie par la France demeure.
Le changement de nom :
Ce changement est utile mais le nom choisi n’est pas la meilleure inspiration. En effet, le nom ECO a été sélectionné par l’ensemble des pays de la CEDEAO comme le nom de la monnaie unique qui doit circuler dans cette zone. En choisissant ce nom déjà réservé, les négociateurs de la réforme du FCFA n’ont pas été bien inspirés. Et cela s’est fait sentir toute de suite avec l’opposition catégorique des autres pays de la CEDEAO, à l’usage du nom par les seuls pays de l’UMOA.
La fin de la centralisation des réserves de changes dans les comptes d’opérations :
Cette disposition marque la fin de la sous-traitance des réserves de changes des pays de l’UMOA par le trésor français, même s’il est vrai que ces réserves étaient toujours disponibles pour la BCEAO.
Le retrait des fonctionnaires français des instances de gestion de la monnaie :
Ceci est également un excellent acquis étant donné la somme d’expériences accumulées par la BCEAO. Cette présence devenait anachronique et il était nécessaire d’en faire l’économie.
Le maintien de la parité fixe d’un Euro pour 655,9570 FCFA :
Tous les régimes de changes ont leurs avantages et inconvénients. Cependant, avec les dépréciations permanentes des monnaies africaines dites flexibles avec leur lot d’inflation intenable accompagnée de taux d’intérêts très élevés, Il semble que le régime de change fixe qui corrige ces défauts soit à ce jour le meilleur système.
Le maintien de la garantie de convertibilité de la France :
La logique de la garantie de convertibilité est de faire en sorte qu’en tout temps, les opérateurs économiques puissent disposer des réserves de changes pour dénouer leurs opérations commerciales ou financières. Ceci fait parfaitement le jeu des deux parties. Les français ou les européens qui vendent dans l’UMOA ont intérêt à ce que leurs clients puissent disposer à tout moment des devises (EUROS) pour acheter les biens et services provenant d’Europe. Il est également de l’intérêt des importateurs de l’UMOA de disposer à tout moment de devises pour acheter les produits dont ils ont besoin.
Par conséquent, le maintien d’une disposition contractuelle éliminant un risque de pénurie de devises est une bonne idée.
JUSTIFICATION ET MISE EN ŒUVRE.
Si ces changements annoncés sont salutaires, force est de reconnaitre qu’à la lecture fine du nouvel accord monétaire, on se rend compte qu’il a été rédigé pour fournir des outils de gestion du risque financier éventuel lié au maintien de la garantie de convertibilité illimitée offerte par le garant.
Cet accord compte 10 articles dont 6 dédiés à la gestion de la garantie offerte par les autorités françaises :
– Les articles 2, 3, 8 définissent les conditions d’appel de la garantie ;
– L’article 4 introduit le concept d’une personnalité indépendante et compétente nommé au sein des organes de gestion de la BCEAO avec l’accord explicite du garant ;
– L’article 5 fait obligation à la BCEAO de transmettre régulièrement des informations au garant en vue de suivre l’évolution du risque qu’il prend ;
– L’article 6 prévoit des réunions de concertation en vue de prévenir ou gérer des crises.
Il apparait très clairement qu’en contrepartie de la garantie de convertibilité « illimitée » offerte par la France, celle-ci s’aménage toute une série de dispositions pour cogérer la politique monétaire de l’UMOA avec la BCEAO.
Au cours des 60 dernières années, la BCEAO et les gouvernements africains ont montré qu’ils pouvaient gérer la monnaie commune de l’UMOA de manière responsable. Il serait bon que le nouvel accord monétaire entérine cela. Autrement, il apparaîtrait comme une vaine tentative de communication pour couper l’herbe sous les pieds des critiques des modalités de gestion du FCFA. Or la monnaie est une chose trop sérieuse pour que sa réforme serve uniquement de pare feu à la critique.
C’est pourquoi, tout en reconnaissant la nécessité d’une disposition institutionnelle pour contrer le risque d’asséchement des devises, le FPI propose la suppression de la clause de garantie et vote pour la mise en place de ligne de financement en devises de la banque centrale européenne ( BCE) à la BCEAO. Cette ligne entre institutions financières indépendantes consacrerait l’option de relation adulte justifiée par l’expérience acquise par la BCEAO et l’importance des flux d’affaires entre l’Europe et l’UMOA.
Ces lignes de financement en devises appelés « currency swap lines » existent dans d’autres juridictions et contribuent à fluidifier parfaitement les opérations commerciales et financières internationales entres les parties concernées.
En effet, autant la France tient à s’assurer que les devises ne puissent manquer aux clients africains de ses entreprises, autant les USA chérissent le même idéal avec les coréens du sud par exemple. Dans le cas des USA, la banque centrale fédérale met en place au profit de son homologue coréen, une ligne de financement en devises pour servir de bouclier contre l’asséchement des marchés des devises. C’est une opération technique entre deux banques centrales dans l’intérêt bien compris des opérateurs économiques américains et coréens. Dans le cas de l’accord monétaire entre la France et l’UMOA, c’est plutôt, l’Etat français qui accorde une garantie de convertibilité pour la fluidité des échanges commerciaux et financiers mais avec toutes sortes de dispositions superflues.
RESULTAS ATTENDUS
La réforme du FCFA du 21 décembre 2019, va dans le bon sens sur plusieurs points. Pour qu’elle soit complète, il faut en extirper les dispositions qui l’alourdissent et défont son objectif qui est l’établissement des relations commerciales et financières de premier ordre avec l’Europe.
Il faut par conséquent trouver un autre nom non confligène pour l’appellation de la monnaie.
Il faut établir des relations techniques avec la BCE dénuées des contingences d’une garantie d’Etat. La zone Euro compte pour 24% et 30% des exportations et importations de l’UMOA. Cela en fait un partenaire économique très important avec qui, il faut maintenir des relations fortes, profitables et sans pesanteurs politiques.
Guillaume LIBY
Vice-Président du FPI chargé des politiques économiques et financières.
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