C’est le tollé général et la levée de bois vert contre Yves De Mbella qui a réussi un buzz intolérant avec cette histoire de viol mal orchestrée pour atteindre l’objectif de sensibilisation qui lui était assigné selon l’animateur et l’équipe de production. D’ailleurs un message d’alerte et de mise en garde contre “les âmes sensibles” avait été diffusé avant l’émission en direct.
Les propos, la scène de reconstitution des actes ont soulevé un courroux collectif, mettant les ivoiriens de toutes obédiences, d’accord pour une fois sur un “ennemi” commun, la dénonciation du viol dont des bébés et filles ont été victimes ces dernières années en Côte d’Ivoire.
Conséquence, le “pardon” de l’animateur, de la chaîne NCI et suspension pour 30 jours décrétée par la HACA, la haute autorité de la communication audiovisuelle.
La fondation allemande Friedrich Ebert Stiftung de défense de la liberté, de la Justice sociale et de la Solidarité, “favorable à la protection des droits des femmes” a produit un communiqué de protestation contre “ce manque de solidarité à l’égard des nombreuses victimes de maltraitance, de viol, d’agressions et d’abus sexuels de tout genre”.
“La FES est choquée par la banalisation du viol par la NCI” condamne la Fondation dans son communiqué.
Pour sa part, le Front populaire ivoirien, par le canal de sa jeunesse représentée par Lia Gnan Ferdinand, n’est pas resté insensible et se révèle le premier parti politique à condamner cette manière de traiter d’un sujet si sensible.
“C’est avec une profonde indignation que nous avons suivi des séquences de l’émission << LA TELE D’ICI VACANCES >>, diffusée sur la chaine NCI dans son édition du lundi 30 aôut 2021, faisant pratiquement l’apologie du viol.
Nos premières pensées vont à l’endroit de tous les ivoiriens qui en ont été choqués et plus particulièrement, aux victimes de viol à qui nous exprimons toute notre solidarité” a-t-il soutenu.
“Notre pays ayant vécu une longue crise militaro-politique, avec notamment des centaines, voire des milliers de cas de viol enregistrés par les organisations nationales et internationales de défense des droits de l’homme, ce sujet extrêmement sensible, mérite d’être abordé avec plus de délicatesse au nom de la morale mais aussi pour le respect des victimes qui continuent d’en souffrir dans le silence le plus absolu” recommande Le Front populaire ivoirien de Pascal Affi N’guessan.
Selon lui, “Au regard de la gravité des faits, nous invitons la chaine NCI, à prendre sans délai, toutes les mesures nécessaires afin de réparer le préjudice moral causé aux Ivoiriens.”
Poursuivant, il salue “toutes les organisations de défense des droits de l’homme qui, avec promptitude, se sont autosaisies de la question, et mènent d’ores et déjà toutes les actions auprès des autorités administratives et judiciaires, afin que cet impair ne reste pas impuni.”
La société de téléphonie MTN, sous la signature de son Directeur Général Djibril Ouattara, a exprimé son “indignation et apporte sa solidarité à toutes les personnes victimes de ce fléau.”
“MTN Côte d’Ivoire, en tant qu’entreprise attachée à la lutte contre toutes les formes de violences faites aux femmes et sponsor officiel de MISS Côte d’Ivoire mesure la gravité des propos tenus lors de l’émission, (…) s’engage à prendre des mesures fermes et appropriées conformes à ses valeurs avant la finale du concours prévue ce samedi 4 septembre 2021” indique le communiqué de la compagnie de téléphonie sud-africaine.
Yves De Mbella est l’un des principaux animateurs de la finale de MISS Côte d’Ivoire depuis plusieurs années.
La Ligue ivoirienne des droits des femmes n’est pas en marge de cet élan de condamnation de Yves De Mbella et de NCI suite à cette émission improductive alors que la Côte d’Ivoire a assez de sujets de préoccupation pour la population.
Désirée Denoé estime dans le communiqué de l’organisation que “son contenu est humiliant et dégradant pour la femme, mieux pour la société et tient à signifier que le viol est un crime”. Aussi, cette organisation fait savoir qu’une “plainte pour outrage public à la pudeur et apologie du viol contre la chaîne de télévision NCI et l’animateur” a été déposée auprès du Procureur de la République, sûrement, celui du Tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau.
Elle invite les associations de défense de droits des femmes et d’Homme “à se joindre à l’action initiée par le Collectif des activistes afin que cesse l’impunité et la banalisation des violences faites aux femmes en Côte d’Ivoire.”
L’animateur Yves De Mbella a été suspendu 30 jours de toutes les antennes de radio et de télévision par la HACA.
Adam’s Régis SOUAGA