“Le but de notre combat est la baisse des prix et cela est non négociable” a assuré Franck Ballo Bi Zorro, initiateur principal du mouvement de protestation contre la cherté de la vie. Son association Initiative citoyenne contre la cherté de la vie (ICC) a organisé une marche de protestation contre la flambée des prix des denrées de première nécessité et de consommation courante, mercredi 21 juillet 2021, à Abidjan. Mais, cette progression du carrefour Saint Jean à Cocody au Plateau où une motion devait être remise à la Primature, a tourné court suite à une intervention policière.
Franck Ballo Bi Zorro soutient au sortir de l’échange avec le Préfet d’Abidjan, qu'”Il est fort probable qu’on se fasse arrêter et jeter en prison ,mais qu’importe, nous voulons une seule chose, la baisse des prix dehors où en prison, c’est tout ce que nous demandons, la baisse des prix.”
Il indique que lui et ses amis ont “expliqué gentiment au préfet que nous lui laissons une semaine pour trouver une solution à ce problème qu’est la cherté de la vie, passé ce délai si rien n’est fait, on introduira une nouvelle demande de marche.”
“Nous nous sommes entretenus avec le Préfet d’Abidjan, il s’est adressé à nous dans le plus grand respect, chose que nous avons apprécié fortement” a-t-il reconnu avant de revenir sur les raisons du refus d’autorisation de cette marche.
“Le non respect du délai de traitement d’une demande de marche; en effet le délai de traitement des demandes de manifestation étant de 72h, notre courrier devait être déposé 72 h au moins avant la date prévue, mais notre courrier est arrivé à la veille de la Tabaski, le lendemain jour de fête étant férié et la marche prévue le lendemain de la fête, il n’a donc pas pu autoriser la marche, une situation que nous avons comprise et acceptée” a reconnu Franck Ballo Bi Zorro.
Du rapport fait, le chef de file d’ICC a soutenu que “Le préfet a continué en expliquant qu’il ne pouvait pas autoriser la marche en l’état actuel des choses à cause de l’interdiction de rassemblement en période de covid-19.”
“Cependant une chose nous intrigue, pendant cette même période covid-19, il y a des rassemblements, des campagnes électorales avec rassemblement” relève-t-il.
“Mais, lorsque le peuple ivoirien veut s’exprimer sur la cherté de la vie, on nous sort l’argument de la covid-19” regrette-t-il, “et cela nous ne pouvons l’accepter” a-t-il dénoncé.
Pour Franck Ballo Bi Zorro, “La réalité est là, la vie est devenue chère pour les civils comme pour les policiers, une fois la tenue rangée.”
C’est la raison pour laquelle il déplore la réaction du Directeur Général de la Police Nationale qui selon Franck Ballo Bi Zorro a demandé à ses hommes de disperser la procession, mettant ainsi fin à la marche. “Sans avancement dans les pourparlers, les policiers se mirent à disperser tout le monde, même ceux qui ne faisaient pas partie de la marche, y compris les journalistes venus couvrir l’événement qui ont été brutalisés et leurs appareils confisqués” a-t-il fait savoir.
“Tout ceci n’est évidemment pas normal, dans un pays de droit comme la Côte d’Ivoire. Le citoyen ivoirien ne mérite pas cela, il a droit au respect de la part des autorités ivoiriennes. On constate de la part de l’Etat, une volonté manifeste de maintenir le peuple ivoirien dans la précarité et à cela nous nous opposons farouchement” a indiqué le président d’ICC.
Il a stigmatisé le “comportement inadéquat du Directeur de la police nationale”, “car en tant que fonctionnaire de l’Etat, son salaire est payé par nos impôts, par conséquent un minimum de respect de sa part n’est pas trop demandé, nous ne lui permettrons pas de s’adresser à nous comme à ses employés.”
“La responsabilité, le respect de chacun, c’est tout ce qu’on demande, il faut que tout le monde se mette au service de la Côte d’Ivoire. Nous nous exprimons car une chose est vraie, la vie est devenue chère” soutient-il.
“Ils s’opposent à notre marche peut être parce qu’ils ne vont pas au marché, peut être parce qu’ils reçoivent de la nourriture gratuitement, peut être parce qu’ils ne payent pas de loyer, peut être parce qu’ils ne payent pas de carburant. Mais qu’ils sachent que nous, nous payons tout, la nourriture, le loyer de nos maisons, le carburant de nos voitures” dénonce Franck Ballo Bi Zorro.
Il estime que “quand nous voulons nous exprimer, l’Etat se doit de nous écouter, de nous respecter, mais pas de nous envoyer des soldats zélés pour nous brutaliser, nous traiter comme des enfants.”
Le président d’Initiative citoyenne contre la cherté de la vie regrette que “Pendant que certaines personnes ont été jusque devant le palais de justice pour manifester, exprimer librement leur opinion, lorsque nous voulons nous réunir à notre tour pour nous faire entendre, on nous sort des raisons fallacieuses comme la covid-19 qui empêcheraient tout rassemblement alors que ces même personnes ont eu droit à leur rassemblement et d’une protection policière dans ce même contexte covid-19.”
Dimanche 18 juillet 2021, le ministre du Commerce et de l’Industrie, Souleymane Diarrassouba a tenu une conférence de presse pour expliquer la tendance des prix en Côte d’Ivoire, selon lui, différente de ce qui est sur les réseaux sociaux et inviter les initiateurs de la marche au dialogue. Un conseil ministériel s’est aussi tenu sur le sujet sans solutions pour contrer la flambée des prix sur les marchés.
Adam’s Régis SOUAGA