Le silence s’est prolongé jusqu’à ce jour. Quinze ans après l’attentat contre le Fokker 100 du premier ministre Guillaume Soro à l’aéroport de Bouaké, et la demande d’enquête internationale recommandée par l’ex-Secrétaire général des Forces nouvelles, c’est le silence assourdissant. Et les hommes de ce commando dont laurore.net a pu avoir quelques grands traits, courent toujours.
D’ailleurs, une semaine après la survenue de l’attentat, l’enquête avait été bouclée par les services de renseignement Sud-africains. Et les révélations de ce document ont conduit Guillaume Soro a demandé une commission d’enquête internationale. Des noms de personnes présumées proches de l’ex-leader des Forces nouvelles étaient révélées dans ce document ultra confidentiel.
Dans les faits, Guillaume Soro suivait les préparatifs de cet attentat depuis 1 mois. Il était bien informé des moindres détails. Quatre jours avant, ses informateurs avaient rompu le contact. Le passage à l’acte était imminent. C’est pourquoi, ce vendredi 29 juin 2007, au moment de se rendre à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny, le Secrétaire général des FN avait une mine des plus mauvais jours.
Mais, il lui fallait aller au devant de son sort, de son avenir politique, de son destin. Au moins, il connaissait ce scénario qui, en cas de désistement pouvait être changé et là, il aurait nagé dans le blizzard. La suite est connue. Le commandant de zone, bras armé d’hommes politiques proches de Guillaume Soro qui a exécuté la mission est bien vivant. Il avait tenté de s’échapper après la tentative manquée d’assassinat contre son patron. Des accusations avaient portées contre les fidèles lieutenants, des comzones. Guillaume Soro avait la vérité des faits. Tant de fois, ces comzones accusés avaient mis leurs vies en danger pour sauvegarder les acquis de la lutte des Forces nouvelles en ce moment.
Le parti politique d’alors de Guillaume Soro, le RDR, est demeuré muet sur cet acte qui avait visé un de ses cadres. Était-ce le régime Gbagbo qui était derrière ce coup ou des têtes politiques au sein de l’ex-rébellion? Les Forces nouvelles avaient été traversées par des tensions qui ont abouti en 2004 à des affrontements internes. Était-ce IB qui avait remis le couvert par une tentative de revanche? Une chose est bien certaine, le coup avait été préparé à l’intérieur du groupe politique et exécuté par un commandant de zone. Quinze après, aucune voix ne s’est élevée pour faire la lumière sur cette histoire; chacun gardant pour lui, ses sentiments. Sûrement qu’un jour, une déclassification d’archives permettra de lever un coin de voile sur les commanditaires et l’exécuteur et les raisons profondes de cette tentative d’assassinat d’un premier ministre de la République de Côte d’Ivoire.
Adam’s Régis SOUAGA