Dialogue politique ou l’autopsie de la troisième république
La politique, c’est l’art du compromis. Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara l’ont compris, mais, un peu tardivement. Ils auraient eu plus de mérite s’ils s’étaient rencontrés avant le scrutin présidentiel du samedi 31 octobre 2020. Mais, Comme le dit la sagesse populaire, mieux vaut tard que jamais. La rencontre de l’Hôtel du Golf a le mérite de favoriser la décrispation politique qui, sans doute, conduira à la cessation des violences politiques. Les deux leaders politiques ont promis de poursuivre le dialogue. C’est une bonne chose. Le premier demande une seule chose : le respect de l’ordre constitutionnel, c’est-à-dire que l’opposition doit accepter le fait qu’il est le nouveau président élu. Le second, lui, à l’évidence réclame la libération des leaders politiques de l’opposition et de la société civile emprisonnés. Ces deux préalables ne sont pas difficiles à concilier. Cependant, demeurent les questions de fond, c’est-à-dire, les cadres juridique et institutionnel des élections. La constitution et le code électoral posent problème. C’est une évidence. La Commission Electorale Indépendante et le Conseil constitutionnel, également. Pour résoudre ces questions épineuses, il faut un consensus politique dont le cadre ne peut être qu’un gouvernement d’union nationale. La transition politique souhaitée par l’opposition est juridiquement impossible et politiquement improductif. Le parti au pouvoir, qui n’a d’unifié que le seul nom, ne peut pas, dans le contexte politique actuel, gouverner seul. Le gouvernement d’union nationale aura pour mission de renforcer la cohésion sociale et de redéfinir le contenu de la troisième république qui, à l’évidence, est une erreur juridique et une faute politique.
Geoffroy-Julien KOUAO
Politologue et Ecrivain
Auteur de « Côte d’Ivoire : Une démocratie sans démocrates ? La ploutocratie n’est pas la démocratie »