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COP 15- Patrick Achi explique les enjeux de la lutte contre la désertification pour la Côte d’Ivoire et l’Afrique

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Excellence Mme l’Ancienne Présidente de la République de Finlande ;
Madame et Monsieur les Ministres d’Etat ;
Mesdames et Messieurs les ministres ;
Monsieur le Secrétaire Exécutif de la Convention des Nations Unies pour la Lutte contre la Désertification ;
Monsieur le Président de la COP14 ;
Mesdames et Messieurs les Membres du Corps Diplomatique ;
Mesdames et Messieurs les Chefs de Délégations ;
Mesdames et Messieurs les membres de Délégations ;
Chers amis de la presse massivement présents,
Chers invités venus du monde entier pour faire progresser l’idée d’une gestion durable de la terre,
Mesdames et Messieurs,
C’est pour moi un grand honneur de prendre la parole au cours de cette quinzième session de la Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification ou COP 15, qui a débuté hier et qui continuera de se tenir jusqu’au 20 mai, 2022 dans notre si belle cité d’Abidjan.

Permettez tout d’abord, qu’au nom du Président de la République de Côte d’Ivoire, SEM. Alassane OUATTARA, je puisse vous renouveler nos chaleureuses salutations de bienvenue et nos sincères remerciements pour votre présence à cette assemblée stratégique, qui est aussi la plus grande réunion jamais tenue par les Nations Unies en Côte d’Ivoire.
Qu’il me soit également permis d’adresser au Secrétariat Exécutif de la Convention, notre reconnaissance toute particulière pour la confiance faite à la Côte d’Ivoire pour la tenue et l’organisation de cette 15ème Conférence des Parties.

Mesdames, Messieurs, par votre présence, vous marquez votre engagement sans faille pour la COP 15, pour l’importance de ses enjeux environnementaux, sociaux, économiques et humains, pour le succès de l’Initiative d’Abidjan qui fut lancée hier par plus de 10 Chefs d’État et de Gouvernement, tous mobilisés autour d’un espoir puissant :
▪ l’espoir d’un combat plus efficace contre la désertification des zones arides de notre planète, où se trouvent certains des écosystèmes et des peuples les plus vulnérables et dont la dégradation affecte 40% des habitants de notre planète ;
▪ l’espoir d’un combat victorieux pour la régénération de nos forêts dégradées, partie liée de cette désertification croissante ;
▪ l’espoir enfin d’un combat novateur pour développer une agriculture tout à la fois plus durable, productive et innovante, face aux enjeux écologiques et démographiques du continent et bénéficiant d’un partage bien plus juste au sein des chaînes de valeurs mondiales.
Mesdames, Messieurs,
Accueillir la Cop15 en Côte d’Ivoire, c’est d’abord honorer une nation qui renaît depuis une décennie de façon extraordinaire, grâce au leadership éclairé du Président de la République, SEM. Alassane Ouattara et à l’engagement patriotique de tout un peuple.
Mais c’est aussi choisir un pays qui est, par sa place géographique, au centre des enjeux de cette Conférence, avec près de 60% de son territoire et 90% de sa partie septentrionale affectés par la dégradation des sols arables et leur lent assèchement.
C’est enfin avoir désigné un pays, au cœur d’un continent, l’Afrique, qui vit parfois encore plus directement les enjeux cruciaux de l’épuisement des terres cultivables, sous l’effet de l’activité humaine et des changements climatiques, menaçant ainsi la sécurité alimentaire et sanitaire de millions de personnes, comme les progrès économiques et sociaux enregistrés massivement sur le
continent depuis plusieurs décennies.
La Côte d’Ivoire est donc plus qu’un simple pays hôte. Elle est un pays témoin de ce processus environnemental et humain exigeant. Et elle veut être un pays acteur de sa résolution.
Un pays moteur, moteur d’idées et moteur de solutions !
Mesdames et Messieurs, Honorables invités,
Le thème central de cette 15ème Conférence des Parties sur la Lutte contre la Désertification et la Sécheresse est : « Terre. Vie. Patrimoine : d’un monde précaire à un avenir prospère ».
Sa formulation même se veut tracer une exigence d’une part et une espérance de l’autre, face à la hauteur du défi qui nous fait face. Elle souligne évidemment, comme nous l’avons dit, l’ampleur des conséquences que la désertification fait peser, de nos pays à nos vies, de nos sols à nos cités, de notre sécurité alimentaire à notre développement économique.
Elle parle des enjeux stratégiques de notre forêt : en 60 ans le couvert forestier de la Côte d’Ivoire est passé de 16 millions à 3 millions d’hectares, bouleversant les équilibres naturels, économiques ou humains du pays, sous la pression de l’expansion de l’agriculture, pour les deux-tiers, de l’exploitation forestière et de l’extension des infrastructures ensuite.

Cette déforestation symbolise la dégradation des terres dans notre pays et c’est contre elle qu’un nouveau code forestier a été adopté en 2019, ainsi qu’un plan d’un milliard de dollars pour restaurer 20% de notre couvert forestier initial d’ici 2030.
A côté des enjeux de la déforestation, la qualité même des sols soulève d’autres questions, avec des valeurs du carbone organique du sol, qui ne permettent pas toujours de supporter une production agricole durable et indiquent l’urgence de la restauration des terres.
Une restauration indispensable puisque si elle n’était pas menée 2 % à 6 % de ménages supplémentaires pourraient basculer dans l’extrême pauvreté d’ici 2030 en Côte d’Ivoire. Alors que, dans le même temps, les études réalisées par la COP15 indiquent l’intérêt économique de la restauration des terres : chaque dollar investi peut y générer jusqu’à 30 dollars, justifiant ainsi pleinement
l’intervention du secteur privé dans ce combat.

Enfin, avec une hausse de température de 2°C en moyenne pour l’ensemble du pays et des fluctuations majeures des précipitations, les changements climatiques d’ici 2050 impacteront nos sols, qui ne pourront supporter une production agricole durable que si les pratiques de gestion de la fertilité sont innovantes et les techniques culturales modernisées.

Mesdames et Messieurs,
Face à ces défis extraordinaires, nous ne pouvons que mener et gagner ce formidable combat. Parce qu’il y va de la prospérité de nos nations comme celles de nos enfants. Parce qu’il y va de notre responsabilité collective face à notre continent et à notre Terre commune. C’est ce que signifie fortement cet « avenir prospère » qui figure dans l’intitulé de notre 15ème Conférence des Parties.
Oui, par notre élan, par notre créativité, par nos engagements, par l’implication de nos femmes comme de notre jeunesse, des citoyens comme des acteurs économiques, par la mobilisation puissante de ressources financières privées ou publiques, nous pouvons façonner un autre avenir pour les zones menacées par la désertification.
Un avenir où les terres arables préservées et régénérées, où les couverts forestiers restaurés, où une agroforesterie réhabilitée, pourront donner vie à une agriculture productrice et nourricière, respectueuse de son environnement ; une agriculture puissamment modernisée, utilisant semences, intrants, hydraulique et mécanisation, pour des rendements trois fois supérieurs à nos standards actuels sur des surfaces mieux gérées ; une agriculture durable, justement insérée dans les chaînes de valeurs mondiales.
C’est là, Mesdames et Messieurs, le sens profond de l’Initiative d’Abidjan proposée hier par le Président de la République, SEM. Alassane OUATTARA et relayée par l’appel de la conférence des Chefs d’État.
L’Initiative d’Abidjan est une réponse majeure aux enjeux climatiques, socioéconomiques, de durabilité des systèmes de production, de sécurité alimentaire et nutritionnelle, qui affectent la Côte d’Ivoire comme l’Afrique de l’Ouest.
Modèle neuf pour la gestion durable des terres, L’Initiative d’Abidjan souhaite être une feuille de route à partager, adapter et renforcer par toutes les nations sœurs qui éprouvent les mêmes enjeux.
Et que de ce mouvement commun, naisse et s’amplifie un financement mondial de l’Initiative, à même d’en concrétiser toujours plus vite les actes. Car le temps nous est compté. Alors ne cherchons pas l’espoir, cherchons l’action !
Mesdames et Messieurs,
La perte de terres fertiles menace notre santé, notre sécurité et notre prospérité. Elle entraîne les crises interconnectées de la désertification, de la sécheresse, de la perte de la biodiversité et du changement climatique, et plus loin des migrations, de l’agitation sociale et de la déstabilisation géopolitique.
La restauration des terres comme de la forêt et la mise en place d’une agriculture écologiquement intensive, intelligente face au climat, dotée de systèmes de production résilients et 0 déforestation, constituent la seule solution stratégique pour préserver notre environnement et garantir la prospérité de nos pays comme celle de nos populations rurales.
Ce sont ces enjeux cardinaux que ce segment ministériel co-organisé par le Secrétariat Exécutif de la Convention et le Gouvernement de Côte d’Ivoire va aborder, avec conscience et exigence.
Je vous adresse donc, au nom de SEM Alassane Ouattara, Mesdames et Messieurs, mes vœux les plus sincères de succès pour ces débats, sur lesquels une partie déterminante de notre avenir repose, en ayant toujours en tête cette phrase splendide de Nelson Mandela : « Cela semble toujours impossible, jusqu’à ce qu’on le fasse.” Alors faisons-le ! Ensemble !
Vive la COP15 et vive le combat pour une gestion durable des terres !

Je vous remercie.