Jean Bonin Kouadio raconte la tentative d’un policier de lui extorquer 200.000 F pour un retrait de plainte. Un policier au devant duquel un de ses travailleurs avait été conduit dans un commissariat de police d’Abidjan, a tenté de lui soutirer cet argent sans fondement légal. La menace de saisir le directeur général de la Police Kouyaté Youssouf et le ministre Vagondo Diomandé, a fait reculer l’individu. Jean Bonin annonce une conférence avec son organisation FIER, le 30 septembre 2022. Ci-dessous son récit.
“Il y a quelques jours, un de mes chauffeurs a été convoqué à la police pour un litige portant sur la somme de 200.000F. Il a donc été appréhendé par la police et conduit dans un commissariat d’Abidjan.
J’ai été contacté en France par sa fille, depuis le commissariat, pour aider financièrement son père à rembourser les 200.000F au plaignant. Le policier en charge du dossier m’a expliqué qu’il s’agissait d’un abus de confiance et que la victime était prête à retirer sa plainte si son argent lui était restitué.
J’ai donc pris l’engagement de lui transférer par Western Union les 200.000F afin que le chauffeur soit libéré. Quelle ne fût alors ma surprise lorsque le policier m’a informé qu’il faudrait également que je lui transfère aussi 200.000F car dans leur procédure interne, la police également doit être désintéressée du même montant que le plaignant. Les bras m’en tombaient littéralement.
Je lui ai demandé de m’expliquer le fondement légal de cette pratique qui avait cours dans ce commissariat. Il m’a répondu qu’il y en avait pas et que si je refusais de payer les 200.000 FCFA supplémentaires, il n’aurait pas d’autres choix que de poursuivre sa procédure et demander au procureur de faire déférer le chauffeur, nonobstant la transaction avec le plaignant. Je n’en revenais pas qu’un policier, sereinement et sans aucune gêne, tente de m’extorquer ainsi des fonds.
Bien évidemment, je lui ai opposé une fin de non recevoir et fait savoir qu’il pouvait, s’il le voulait, poursuivre sa procédure. J’ai donc demandé à la jeune fille de me communiquer les coordonnées du policier concerné et de son commissariat afin que je puisse me plaindre auprès du DG de la police et au ministre de l’intérieur.
Je l’ai alors entendu poser la question à la demoiselle « c’est qui même lui là ? ». Elle a répondu « M. Jean Bonin ». Et le policier de s’exclamer « safroulaye ! » Il a alors souhaité échanger avec moi.
Il voulait savoir si j’étais bien le Jean Bonin de facebook. Je lui ai répondu que non et que moi j’étais juriste et membre d’un cabinet d’avocats en France mais qu’il m’arrivait de temps en temps de publier des posts pour dénoncer la corruption en Côte d’Ivoire. Il a très vite compris et retrouvé ses esprits.
Tout paniqué, il me supplia de faire comme si je n’avais rien entendu et de laisser tomber cette affaire de paiement de 200.000F supplémentaires. J’acquiesça et l’incident fût ainsi clos. Le chauffeur pu rentrer chez lui mais perdit par la même occasion son boulot chez moi, pour faute grave.
Ce jour-là, j’ai compris la souffrance de millions de mes compatriotes qui sont quotidiennement confrontés à la corruption. Cela a aussi décuplé mon ardeur à lutter contre ce fléau qui gangrène notre Administration, appauvrit l’Etat ainsi que les personnes les plus vulnérables de notre société.
Nous devons conjuguer nos efforts pour lutter efficacement et sans relâche contre la corruption et la mauvaise gouvernance dans notre pays.
D’ailleurs, je compte d’ici la fin de ce mois organiser avec FIER une conférence sur la corruption et la bonne gouvernance en Côte d’Ivoire afin d’en faire l’état des lieux et proposer au gouvernement des pistes de solutions. Je vous communiquerai incessamment la date, le lieu et l’heure.
Je compte sur votre présence massive afin que nous menions ensemble ce noble combat.”