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Côte d’Ivoire: Décès de Francis Wodié ou le départ d’un esthète…

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Ce lundi 3 juillet sonne le glas du passage terrestre d’un illustre personnage de notre pays, le professeur Wodié Vangah Romain Francis est né le 26 février 1936 à Abidjan. Cet homme de nature des discrète mais aux convictions fortes et au caractère combatif est relativement méconnu des ivoiriens et pourtant ses accomplissements sont nombreux et son parcours est édifiant.

Au plan académique, on parle du professeur Wodié, double agrégé de droit (1973 en Algérie et 1980 en France). C’était l’un des plus grands spécialistes de droit constitutionnel et de droit public international au monde. Sa doctrine et sa pensée sont enseignées en master 2 de droit et de philosophie à l’université de Bordeaux. Il a été le premier doyen de la faculté de droit de l’université de Cocody et a été président du conseil constitutionnel de Côte d’ivoire de 2011 à 2015.

Au plan politique, c’est un véritable guerrier de la démocratie qui s’en est allé. Il a été arrêté et expulsé de France en 1961 où il militait activement au sein de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France. A son arrivée en Côte d’Ivoire, il sera harcelé par le pouvoir d’Houphourt Boigny qui juge ses activités subversives. Il ira 3 fois en prison sous Houphouet (1961, 1967, 1971). Il sera même contraint à l’exil en Algérie.

Il a fondé le synares (syndicat national de la recherche et de l’enseignement supérieur), il a créé le parti ivoirien des travailleurs, un parti de gauche dont la vision était de défendre les couches populaires et l’emploi, il est membre fondateur de la ligue ivorienne des droits de l’homme (LIDHO) et a été président d’Amnesty International section Côte d’Ivoire de 1985 à 1989.

Wodié a été député de 1990 à 1995 et de 2000 à 2011 toujours pour le compte du PIT. Il a été candidat aux élections présidentielles de 1995, 2000 et 2010 pour le compte de son parti mais n’a jamais connu de grands succès avec des scores respectifs de 3,56%, 5,70% et 0,29%…

Il a été ministre de l’enseignement supérieur entre 1998 et 1999 sous la primature Duncan.

Le peu de succès qu’il a eu en politique était dû à la façon dont il voulait mener son combat, avec honnêteté et intégrité mais aussi sa manière de s’exprimer toujours empruntée d’élégance et d’expressions soutenues qui faisaient que les masses populaires n’adheraient pas à son discours qui leur était pourtant destiné.

Mon mentor, professeur Kouadio Jérémie (haute éminence intellectuelle et proche du prof wodié ) disait de lui ”le prof. Wodié voulait une politique propre qui profite aux ivoriens et à tous les habitants de ce magnifique pays qu’il aime profondément. Il s’est battu pour cela pendant des décennies.”.

Que cet illustre personnage repose en paix. Son héritage est grand.

De Fregus Kouame