Un article de blog hébergé sur Mediapart pointe du doigt la mortalité vaccinale, évoquant près de 1 000 décès liés aux vaccins. Des conclusions qui indignent de nombreux médecins. En Côte d’Ivoire, au lundi 2 juillet 2021, le point de situation donnait “63 nouveaux cas confirmés, 72 guéris et deux décès” pour un “total général de 548 cas actifs”. Ainsi, depuis le début de l’épidémie à ce jour, le pays a enregistré “50341 cas confirmés, 49461 guéris et 332 décès”.
La vaccination se poursuit à la grande satisfaction du Conseil National de Sécurité qui s’est réuni jeudi 29 juillet 2021 au palais présidentiel, à Abidjan.
Dans le communiqué final, le CNS faisait remarquer que “au regard des flambées observées aussi bien en Afrique que dans le reste du monde, le Conseil National de Sécurité, après analyse, a-t-il décidé de renforcer les mesures de contrôle et de surveillance épidémiologique aux portes d’entrée du pays, en particulier à l’Aéroport International Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan.”
Avant de préciser que “Concernant la campagne de vaccination contre la COVID-19 menée en Côte d’Ivoire, le Ministre en charge de la Santé a informé le Conseil National de Sécurité que depuis le début de cette campagne, le 1er mars 2021 jusqu’au 27 juillet 2021, 1 013 349 doses de vaccins ont été administrées, avec 113 706 personnes ayant reçu les deux doses.”
“Une mortalité inédite”. Dans un article de blog hébergé par Mediapart, le sociologue Laurent Mucchielli affirme qu’il y a “urgence à suspendre” la vaccination de masse contre le Covid-19 et pointe du doigt une mortalité “inédite dans l’histoire de la médecine moderne”, évoquant le chiffre de presque 1000 morts du vaccin. Un article alarmiste dont les conclusions sont dénoncées par de nombreux médecins.
Les chiffres utilisés dans cet article de blog sont issus des données de l’ANSM, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament, librement consultables en ligne. S’ils sont vrais, c’est l’interprétation qui en est faite qui indigne les médecins.
Des chiffres issus de la pharmacovigilance
“Ce sont des bases de déclaration, donc l’imputabilité du vaccin n’est pas définie. L’auteur utilise des bases de données sans savoir les interpréter”, déplore Matthieu Molimard, chef de Service de Pharmacologie Médicale au CHU de Bordeaux.
Des données qui sont compilées par l’ANSM grâce à la pharmacovigilance, c’est-à-dire la surveillance des effets secondaires nocifs éventuels d’un médicament. C’est notamment grâce à cette surveillance que quelques rares cas de thromboses ont été signalés après l’injection du vaccin AstraZeneca chez les plus jeunes.
“Chaque vacciné peut signaler un effet indésirable”
“Les médecins, mais aussi les vaccinés peuvent signaler un effet indésirable, qui est ensuite remonté au centre régional de pharmacovigilance, puis entré dans une base nationale. L’effet signalé est ensuite étudié selon la bibliographie, c’est-à-dire savoir s’il y a eu des précédents déjà rapportés, selon le temps de survenue de l’événement indésirable après le vaccin. Tout cela permet d’évaluer la probabilité d’un lien avec le vaccin : probable ou non”, nous éclaire le docteur Michael Rochoy, ancien interne en pharmacovigilance à Lille.
Le signalement d’un effet indésirable s’effectue en ligne, sur le site de l’ANSM. Avec la vaccination contre le Covid-19, les signalements d’effets indésirables sont plus nombreux, avec plus de 40 millions de vaccinés en sept mois.
“Tous les décès signalés après le vaccin ne sont pas dus au vaccin”
“Les chiffres utilisés dans cet article sous-entendent que tous les décès signalés après le vaccin sont dus au vaccin. Or, ce n’est pas le cas. Vous pouvez par exemple faire un infarctus après le vaccin, sans que celui-ci ne soit la cause. Vous auriez tout de même fait cet infarctus sans avoir été vacciné”, illustre Michaël Rochoy, membre du collectif Du Côté de la Science.
C’est par exemple ce qui a été établi après le décès d’un jeune de 33 ans à Issoudun (Vienne). Quelques heures après sa vaccination, l’homme décède, le vaccin est suspecté. L’autopsie a révélé que l’homme a succombé à un infarctus, dont les effets ont été aggravés par la prise de poppers.
Autre exemple, celui de la mort d’un jeune homme de 22 ans, dont le père a lié le décès à sa vaccination huit heures plus tôt, dans une vidéo devenue virale. L’autopsie a finalement confirmé le décès lié à une allergie, faisant le lien avec l’absorption “peu avant son décès, durant un repas au restaurant, d’un aliment pour lequel il avait une allergie connue”.
“Hormis un ou deux cas peut-être lié à une réactogénicité qui a donné une fièvre mal tolérée chez des personnes très âgés et très fragiles en Ehpad, on n’a pas à déplorer de décès liés à Pfizer”, poursuit Matthieu Molimard, qui rappelle que les rares cas d’allergie au vaccin se font quasi-instantanément, ce qui explique les 15 minutes de surveillance après la vaccination durant lesquelles le vacciné reste sous la surveillance d’un médecin.
“La balance bénéfice risque resterait quand même en faveur du vaccin !”
“Tous les cas rapportés dans les synthèses de pharmacovigilance n’ont pas un lien établi avec le vaccin. Certains peuvent être probables, d’autres moins”, résume Michaël Rochoy. “Concernant les cas de décès déclarés, les données actuelles ne permettent pas de conclure qu’ils sont liés au vaccin”, écrit justement l’ANSM dans le document dont sont extraits les chiffres cités par le blog.
Au-delà du fait que l’auteur considère que les décès rapportés sont forcément liés au vaccin, plusieurs médecins déplorent l’appel à suspendre la vaccination de masse. “Dans l’hypothèse, qui est fausse, qu’il y ait 1000 décès liés aux vaccins depuis le début de la campagne il y a sept mois, le bénéfice resterait supérieur au risque. Il faut se rappeler que de novembre à mars, on déplorait plus de 300 décès liés au Covid chaque jour”, conclut Michaël Rochoy.
Un article largement relayé
Un article alarmiste largement partagé dans les groupes Facebook anti vaccins et relayé par plusieurs personnalités politiques, comme le député Gilbert Collard.
Mais contrairement à ce que sous-entend Gilbert Collard, les blogs de Médiapart ne sont pas écrits par les journalistes de la rédaction, mais par des abonnés au média, dont fait partie Laurent Mucchielli. Face à ces propos écrits, plusieurs internautes demandent au CNRS de prendre des mesures face à celui qui est directeur de recherche.
Adam’s Régis SOUAGA et Yahoo.fr