Parti à 66 ans à la prison de Scheveningen, au Pays-Bas, suite à la signification d’un mandat d’arrêt international contre lui, Laurent Gbagbo devrait selon Assoa Adou, son fidèle lieutenant à Abidjan, regagné Abidjan, le 17 juin 2021, à 76 ans.
Lundi 31 mai 2021, au cours d’une rencontre à la Riviera Palmeraie, celui qui se désigne Secrétaire Général du FPI disputé par Affi N’guessan, Dr Assoa Adou, a donné la date du retour probable de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire après 10 ans d’absence.
Le 30 novembre 2011, Laurent Gbagbo était transféré à la prison de Scheveningen, sur injonction de la Cour pénale internationale (CPI), poursuivi par le Procureur Fatou Bensouda pour « crimes de guerre, crimes contre l’humanité ».
N’ayant pu fournir les arguments solides et étayés contre le chef de file des refondateurs ivoiriens qui a refusé de reconnaître sa défaite électorale le 28 novembre 2010 face à Alassane Ouattara, son farouche adversaire, Laurent Gbagbo et son fidèle Blé Goudé, harangueur de foule, ont été acquittés par la Chambre d’Appel II de la CPI.
Le retour de l’ex-président divise partisans et opposants. Là où ses partisans entendent lui réserver un accueil festif à la hauteur de la victoire sur la justice internationale, les « ennemis » de la Côte d’Ivoire selon le lexique du FPI, le parti au pouvoir, par la voix de son secrétaire exécutif, Adama Bictogo, recommande de la pondération en pensant aux victimes de la crise postélectorale de 2010.
Laurent Gbagbo a apporté son soutien à l’opposition conduite par Henri Konan Bédié, contre un nouveau mandant d’Alassane Ouattara, considéré comme le 3è, et qui a déclenché en octobre 2020, une désobéissance civile orchestrée par le conseil national pour la transition, aux allures de tentative de coup d’Etat.
Candidat à l’élection présidentielle du 26 octobre 2000, Laurent Gbagbo a usé de la rue pour se proclamer président élu face au Général Robert Guéï qui s’enfuyait à Kabacouma, dans la commune de Biankouma, à l’Ouest du pays.
Deux ans plus tard, son pouvoir devait faire face à une tentative de coup d’Etat qui s’est muée plus tard en un kyste civilo-militaire à partir de Bouaké. Le pouvoir de Laurent Gbagbo n’a jamais pu vaincre dette rébellion dont les soldats vont le récupérer dans le bunker de la résidence présidentielle le 11 avril 2011 après de violents affrontements dans la ville d’Abidjan.
3000 morts sont officiellement recensés et la culpabilité du Chef de l’Etat sortant, établie pour le Bureau du Procureur de la CPI. Malheureusement, Fatou Bensouda n’a jamais pu convaincre les Juges de la perspicacité de ses arguments juridiques contre l’homme du bunker.
En résidence en Belgique, Laurent Gbagbo s’apprête si rien ne le contrarie, à fouler le sol de son pays. Son arrivée devrait donner du tonus à son parti, divisé en deux tendances et lui-même, en proie à une guerre des épouses. L’une du Sud, Simone Ehivet, figure de proue du FPI et Nadiana Bamba dite Nady, de l’Ouest, musulmane opposée à l’évangélique fille de Bonoua, se mènent une bataille des partisans pour le contrôle de l’amour du père de Dr Michel Gbagbo, élu député à Yopougon.
Battue à plate couture aux dernières élections législatives du 6 mars 2021, l’opposition voit en cette arrivée un nouveau tonus pour se remettre dans le jeu politique qui tend à lui échapper sur le terrain face aux réalisations du Président de la République, fortement appréciées par la population.
Adam’s Régis SOUAGA