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DUÉKOUE – Amadé Ouérémi enfin jugé sous 20 chefs d’accusation pour les événements de la crise postélectorale

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Le procès de l’ex-mécanicien, supplétif des ex-Forces républicaines de Côte d’Ivoire, (FRCI), AMADE OUREMI a débuté mercredi 24 mars 2021 au tribunal de première instance d’Abidjan-plateau. Il est accusé de plus de 20 chefs d’accusation dans le massacre qui aurait fait 817 morts dans la ville de Duékoué et environs lors de la crise postélectorale de 2010-2011. Il a plaidé non coupable et parle d’un complot contre lui.

La crise post-électorale de 2010-2011, a fait plus de 3000 morts selon les chiffres officiels de l’ONU. Duékoué, ville située dans l’ouest de la Côte d’Ivoire a été le théâtre de violents affrontements entre les miliciens et mercenaires libériens pro-Gbagbo et les Forces républicaines de Côte d’Ivoire accompagnées par des supplétifs “dozo” et la troupe à Amadè Ouérémi. Un des présumés auteurs de ce massacre, Amadé Ouérémi, arrêté le samedi 18 mai 2013 dans la forêt du mont Péko,  était dans le box des accusés ce mercredi 24 mars en début d’après midi, au tribunal de premier instance du Plateau.

Les charges retenues contre lui sont entre autres  “meurtres avec préméditation, viols , coups et blessures, mutilations, amputations, séquestrations, menaces de mort, association de malfaiteurs, troubles à l’ordre public“, pour ne citer que ceux là.

Amadé Ouérémi qui ne reconnaît pas ces faits dit avoir été victime d’un « piège ». Il a dit se sentir comme avoir été un papier-toilette que l’on a utilisé et jeté après.

« J’étais à Bagouo le 27 mars 2011. C’est le Commandant Fofana Losseni dit Loss qui a donné l’ordre de chasser les miliciens de Duékoué. Je n’avais pas d’hommes sous mes ordres . Moi, j’étais un rebelle aux ordres du chef de guerre Coulibaly de Kouibly. C’est lui qui m’a fourni des armes et des treillis militaires. Moi j’étais malade et je ne faisais que mettre les munitions dans les chargeurs des armes dans le village de Blodi. C’est après la libération de Duékoué que je suis entré dans la ville. Ce sont les “dozos” qui ont tué les gens. Ce n’est pas parce que c’est mélangé qu’ils vont mettre tout sur moi. Dieu même sait que je n’ai pas fait ça moi seul. On m’a utilisé comme un chiffon pour nettoyer leurs déchets », s’est-il défendu.

Il a reconnu avoir vu des corps d’hommes entassés partout. « C’était beaucoup. Je n’ai jamais vu ça de ma vie. Il y avait des femmes, des hommes, des enfants et des vieillards parmi les corps. Des personnes ont été brûlées vives dans des maisons.. Je n’ai pas tué de guéré (ethnie autochtone). Les gens ont essayé de me tuer. Mais, ce que voulez, je vais tout dire », a-t-il ajouté dans sa déclaration.

Selon son Avocat Me Roseline Aka, rien n’est encore perdu.« Nous sommes dans une affaire criminelle . Il est juste accusé et non déclaré coupable. Moi, je suis avocat. En cette qualité, je suis là pour le défendre. Quelles que soient les charges qui pèsent sur mon client, je dois mettre tout ce qui est moyens en ma possession pour le défendre au mieux. Je suis en train de réunir tous les moyens pour assurer sa défense. Si ces moyens sont suffisants, c’est possible qu’il soit relaxé », a-t-elle assuré.

Elle a aussi affirmé que les chefs d’accusation retenus contre son client sont énormes et excessifs. « Les charges sont nombreuses. J’en ai retenu au moins 24. Ça s’apparente à un acharnement », a-t-elle fait savoir.

Lors de ce procès, le nom de Fofana Losseni, alors commandant de la zone de l’ouest des Forces républicaines de Côte d’Ivoire, à plusieurs reprises, a été cité par l’accusé. Interrogé s’il y a possibilité que ce dernier soit appelé à la barre pour faire la lumière sur certains points, Me Roseline Aka a répondu que « Pour la nécessité de l’éclatement de la vérité, s’il y a nécessité que ces personnes comparaissent, nous en jugerons », a-t-elle rassuré.

L’audience a été suspendue et reprendra ce jeudi 25 mars au environs de 13h au tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau.

Âgé de 57 ans, de nationalité burkinabé, l’ex-chef de milice Amadé Ouérémi est l’époux de 6 femmes et le père de 18 enfants selon lui-même. Il était considéré comme un supplétif des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), et a occupé pendant plusieurs années la forêt classée du Mont Péko dans l’ouest ivoirien. Il a été arrêté depuis mai 2013 par l’armée ivoirienne.

Mohamed CAMARA