Ça va chauffer ! La pléthore d’intentions de candidature au RHDP indique que la corde d’Ariane est cassée. La forêt sacrée jusque-là réservée à une classe élitiste est dorénavant à la portée de tous les jeunes. Nul n’a peur de franchir le pas et d’afficher ses intentions face aux cadres, financièrement puissants, qui depuis 2011, ont tiré un trait sur leur passé de galère pour certains.
Le RDHP n’affiche pas une sérénité et donne l’image établie d’une pagaille avant dislocation d’un parti dont l’ossature se résume pour l’heure à Alassane Ouattara.
« A Man, tel que je vois venir les choses, c’est aussi une pléthore d’intentions de candidature qui sera enregistrée » fait savoir une source sur place.
Vitalité démocratique ou pagaille ? On penche plus pour la seconde option dans un parti dont la base n’a jamais été consultée dans la prise de décision et qui paye cash les attentismes et louvoiements plutôt que de trancher dans le vif à un moment donné. Alassane Ouattara, le concepteur de ce projet, très vite contesté par le PDCI-RDA qui avait sa petite idée sur la question et comptait rouler Ouattara et son groupe dans la farine, a joué au père plutôt qu’au dirigeant.
Après Ouattara, c’est Alassane et personne qui puisse incarner une figure de rassemblement et dont la voix rassurerait. Comme si les militants sentent une fin proche, tout le monde court et veut être le porte-étendard de ce parti qui traîne en intérieur, une grosse gangrène : des cadres qui jouent sur plusieurs tableaux.
La dernière élection présidentielle du 31 octobre 2020 aura été le baromètre de la confiance. Ils sont nombreux ces collaborateurs d’Alassane Ouattara, les poches remplis des sommes d’argent destinées à la campagne électorale, qui observaient l’horizon. Incertain mais, eux, certains que leur candidat, dont ils déclamaient les qualités, toutes dents dehors, tomberait face à la rébellion du CNT de Bédié et Affi N’guessan.
Des groupes de pression hexagonaux, se sont mis dans la contestation de la réélection pour un nouveau mandat d’Alassane Ouattara. En interne, 87 morts occasionnés par l’appel à la désobéissance civile et le boycott actif de l’opposition ivoirienne, usant de « tous les moyens pour empêcher » le scrutin, ont jeté un voile de deuil sur cette élection.
Face à la furia de l’opposition ivoirienne, des arbres coupés, des menaces à la machette et au fusil calibre 12, dans la grande région du Centre dont le visage principal, Yamoussoukro, était balafré par une guérilla armée, point de cadres RHDP !
A l’exception de quelques-uns, au travail facilité par une adhésion massive, atavique de la population, les autres avaient la calculatrice en mains, le regard rivé sur le répertoire des amis dans l’opposition, qui pourraient avec quelques billets de banque, leur faciliter le saut salvateur.
Ouattara a remporté une victoire mais les menaces à peine voilées fusent toujours. Le Directeur Exécutif du RHDP, Adama Bictogo, face à ce qui est apparu comme une débandade de ses lieutenants, a ordonné une mission d’enquête. Point de faiblesse, ce sont les lieutenants envoyés sur la ligne de bataille qui devaient mener l’enquête de leur débâcle sur le terrain. On ne peut être juge et partie ! Mission mort-née.
Certains de ses cadres, sans base, jouent la carte ethnique. Ils ont préféré financé des élus du PDCI-RDA pour mener à bien la mission de désobéissance civile avec son lot de destruction et d’empêchement violent du vote.
Conséquence, aucune branche de sécurité pour les militants qui veulent donc eux-mêmes, jouer les premiers rôles. C’est dire que chacun vient monnayer une intention de candidature qui ne saurait prospérer face à des responsables soucieux du bien-être de leurs camarades militants. La corde d’Ariane est vraiment cassée. Bonjour la pagaille qui n’augure rien de bon.
A ce jeu, Alassane Ouattara et son directoire jouent gros dans le choix des prochains candidats du RHDP. Il ne devra pas se faire sur la base de la puissance financière mais de la représentativité du candidat à même de permettre à ce parti de gagner. Dans le cas contraire, la descente aux enfers partira de là, face à une opposition, dont des acteurs majeurs, ne songent qu’à créer les conditions de la disparition physique des militants du RHDP. Et c’est peu dire ! Le parti de Ouattara joue sa survie. Cinq ans, ça passe très vite !
Adam’s Régis SOUAGA