Depuis septembre 2023, Josué Guebo, enseignant et écrivain occupe le poste de président de la société ivoirienne de Transhumanisme (SIVOT), un mouvement scientifique et philosophique. Dans cette interview accordée à Laurore.net, l’enseignant chercheur en philosophie fait un état des lieux de cette communauté savante en Côte d’Ivoire.
- Qu’est-ce que le transhumanisme ?
Le transhumanisme est un mouvement scientifique et philosophique qui est né en occident. Il se propose d’améliorer les capacités intellectuelles, physiques et psychiques de l’humain par la manipulation génétique, les nanotechnologies et l’intelligence artificielle. Sa grande originalité est qu’il envisage de supprimer le vieillissement, les maladies génétiques, voire la mort. Si en 1957 le mot apparait sous la plume du biologiste et haut fonctionnaire Julian Huxkey, c’est en 1980 qu’en Californie les premiers transhumanistes se réunissent pour formaliser leur mouvement et coordonner leurs actions. Au sein des premières figures du transhumanisme l’on compte Natasha Vita More, Éric Drexler, etc.
- Pourquoi une société ivoirienne de transhumanisme ?
Une Société Ivoirienne de Transhumanisme pour ne pas être en reste d’une réflexion et d’une action de recherche, généralement confinées à l’occident et dont les effets pourtant concernent l’humanité entière.
- C’est un terme qui n’est pas assez connu en Afrique, comment faire connaître cette notion aux ivoiriens particulièrement ?
Cela passe par la sensibilisation. Elle-même se traduit par des conférences que nous organisons, des panels, des colloques et autres rencontres tournés vers le public. Nous voulons aussi joindre les ministères en charge de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur, afin de proposer à tous les niveaux des cursus une progression en rapport avec le transhumanisme, le rapport éthique à la technologie et à l’écologie.
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- Vous avez été élu président de la société ivoirienne de transhumanisme depuis septembre 2023, quels seront vos points d’intervention ?
Avec mes collègues du bureau exécutif, nous entendons travailler à vulgariser une saine relation à la technologie en général et un rapport fécond au transhumanisme. Il s’agit aussi d’inciter le grand public à adopter une culture critique envers une évolution technologique qui ne tient pas nécessairement compte des contraintes éthiques.
- Comment comptez-vous mobiliser les ressources pour vos activités ?
Nous avons besoin de l’appui de tous les acteurs du monde de la pensée et de la science. Les questions liées au développement technologique contemporain sont de portée universelle. Chacun doit se sentir concerné, les pouvoirs publics en premier. Nous procéderons donc à des rencontres en vue de solliciter tous les potentiels appuis.
- Comment adhérer à votre société ?
A priori, il faut être un chercheur, idéalement un docteur et auteur d’un ou de deux travaux en lien avec la technologie ou le transhumanisme. Mais toute personne intéressée par les enjeux de la science contemporaine ou les questions de modifications génétique et d’hybridation de l’homme à la machine peut se joindre à nous.
- Êtes-vous en partenariat avec d’autres sociétés savantes ?
Nous sommes en passe de nouer des partenariats avec différentes sociétés savantes en Côte d’Ivoire et au-delà. La Société Ivoirienne de Transhumanisme est partenaire de l’Association Française de Transhumanisme (AFT) et nous sommes en bonne collaboration avec son président, Marc Roux. De même, nous sommes partenaires du Enlightenment Transhumanist Forum (H+ Nigeria) du Nigeria. Son principal animateur, Abdul Ojochogwu, est un partenaire sûr de la Société Ivoirienne de Transhumanisme (SIVOT).
Réalisée par Sandra Kohet