Au moment où le séminaire gouvernemental prenait fin à la salle « des pas perdus » du palais présidentiel, au Plateau, vendredi 23 avril 2021, Thomas Camara, ministre du Pétrole, de l’Energie et des énergies renouvelables, s’imprégnait des conditions de fonctionnement de la centrale thermique d’Azito d’où est partie la panne qui a conduit à la perturbation de la fourniture de l’électricité dans la nuit de mardi à mercredi 21 avril 2021. Et le moins qu’on puisse dire est qu’il s’est fait une idée du coupable.
Trois tableaux : présentation du cadre de la visite, visite des lieux avec les explications d’Amidou Traoré, Directeur Général de Côte d’Ivoire Energies et l’interrogatoire du Directeur général de la Centrale thermique d’Azito pour mieux comprendre les incidents dans la fourniture de l’électricité dans le pays depuis février 2021.
Thomas Camara a situé les objectifs de sa visite pour « s’enquérir de la situation parce que, il y a deux jours, un incident s’est produit, une grosse machine a produit une panne imprévisible et malheureusement nous avons dû rationner la distribution de l’électricité et malheureusement des populations ont dû subir cela. Premier objectif de cette visite, m’enquérir de la situation de cette machine. Et nous sommes heureux de constater que la machine est rentrée en production, que l’incident est clos » a-t-il indiqué. Il a saisi l’opportunité pour présenter des « excuses » à la population qui a subi la conséquence de cette défaillance technique.
« Deuxième objectif de cette visite, la visite de chantier, le chantier d’une grosse machine est en construction et qui va démarrer en août 2021 et qui va apporter de la production supplémentaire dans l’équilibre de l’offre de demande et qui permettra de régler définitivement tous les incidents constatés çà et là. Le chantier est bien avancé » a assuré Thomas Camara.
Le ministre est revenu sur les incidents d’avant le 20 avril 2021. Les ivoiriens ont depuis quelques mois constaté des coupures de courant. Explication : « Pour les incidents d’avant le 20 avril, permettez que je revienne sur ce qui a été dit sur le plateau de la télévision (intervention du DG de l’Energie, Cissé Sabati ), nous avons souffert de la sécheresse mais en plus de cette saison sèche, il s’est produit un incident qui s’est produit entre décembre 2020 et janvier 2021 » à la Centrale d’Azito, obligeant le producteur à avoir recours aux bassins d’eau des barrages.
Pour le gouvernement, l’objectif « d’accroissement de la production gazière pour les besoins de la production d’électricité » afin de tenir l’engagement politique de « La réalisation de 200 000 branchements dans le cadre du Programme d’Electricité pour Tous (PEPT) » est maintenu.
De l’enquête de Thomas Camara, il ressort que la centrale thermique à cycle combiné d’Azito est en cause dans les défaillances du système électrique. Elle avait subi un coup entre décembre 2020 et janvier 2021.
Et pour cause, pendant une bonne période, ce sont les barrages qui ont assuré la fourniture de la production distribuée par la CIE dont le Directeur Ahmadou Bakayoko a participé à la visite.
Lorsqu’elle reprend la main, la baisse de la pluviométrie qui a impacté le niveau d’eau des barrages ne l’empêche pas d’en avoir recours. Les baisses s’accentuent avec les retards de pluie.
Ce que reconnaît Cissé Sabati, le Directeur Général de l’Energie qui expliquait les raisons de la perturbation dans la fourniture du courant dans la nuit de mardi à mercredi. « La saison sèche a été particulièrement rude cette année si bien que les niveaux d’eau dans les barrages sont bas. Ce qui a entraîné des coupures ces dernières semaines » a-t-il soutenu.
Sur les raisons des défaillances survenues à la centrale thermique d’Azito, le coupable est la Covid-19 !
La pandémie survenue à Wuhan en Chine en décembre 2019 et qui a fait son entrée en Mars 2020 en Côte d’Ivoire, a ralenti les travaux qui y sont en cours et constaté par le ministre du Pétrole, de l’Energie et des énergies renouvelables au cours de sa visite du vendredi 23 avril 2021.
Le matériel qui devait arriver n’a pu l’être à cause de la fermeture des frontières terrestres, aériennes et maritimes qui n’ont en définitive pas servi à grand-chose. Le retard donc dans la livraison du matériel dont cette machine annoncée par le DG de l’Energie, perturbe la production de l’électricité à partir de la Centrale d’Azito qui assure entre 25 et 30% de la production nationale.
Le Directeur Général de la centrale thermique d’Azito, Luc Ayé, a tenté de noyer le fil au cours d’une conférence de presse jeudi 22 avril 2021, minimisant l’incident.
« Le mardi 20 avril dernier, nous avions été confrontés à un petit problème au niveau d’une des unités de production. Il s’agit d’une turbine à gaz. Nous avons constaté une défaillance au niveau d’un capteur de mesure d’un paramètre de sécurité très important de la turbine », a-t-il expliqué.
« Donc, afin de ne pas faire courir de risque à la production d’énergie, sachant qu’Azito est une des centrales leaders en termes de production d’électricité en Côte d’Ivoire, nous avons décidé d’arrêter ce groupe aux environs de 22h23, après avoir informé la Compagnie ivoirienne d’électricité », a indiqué Luc Ayé.
Peine perdue pour le producteur dont la tenue des engagements techniques a été contrariée par la pandémie à coronavirus, Covid-19, et qui a donc utilisé les réserves d’eau des barrages qui n’ont pu être renouvelées à temps.
Pour Thomas Camara qui a pu se faire une nette idée de la situation, constatant par lui-même la mobilisation des équipes de la centrale thermique, en plein travaux, le coupable n’est pas à chercher loin : Covid-19 et centrale thermique d’Azito.
Pour offrir aux ivoiriens un bien meilleur cadre de vie, le Gouvernement a inscrit la question de la fourniture de qualité de l’électricité dans son agenda. « Dans ce sens, un intérêt plus important sera accordé aux problématiques du capital humain, de l’accès universel aux biens et services publics essentiels : l’électricité, l’eau potable, la santé, l’habitat, la mobilité, la connexion digitale » a réitéré la conclusion du séminaire gouvernemental.
Pour Patrick Achi et son équipe, « Le Gouvernement devra donc travailler sans relâche, en demeurant mobilisé et uni, afin de propulser définitivement la Côte d’Ivoire au rang des pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. »
Adam’s Régis SOUAGA
