L’auteur britannique Salman Rushdie, dont l’ouvrage Les versets sataniques avait fait de lui la cible d’une fatwa de l’ayatollah iranien Rouhollah Khomeini en 1989, a été poignardé ce vendredi alors qu’il s’apprêtait à donner une conférence.
Salman Rushdie s’apprêtait à prendre la parole dans l’amphithéâtre de la Chautauqua Institution quand un homme s’est précipité sur l’estrade et a frappé l’écrivain et son intervieweur. Des séquences vidéo publiées sur les réseaux sociaux montrent des personnes courir pour venir en aide à quelqu’un allongé au sol.
La police de l’État de New York indique que Salman Rushdie a semble-t-il été poignardé au cou. Il a été transporté par hélicoptère dans un hôpital de la région, mais son état est inconnu à ce stade. L’intervieweur a été légèrement blessé à la tête. L’agresseur a quant à lui été placé en garde à vue. Une enquête a été ouverte.
L’auteur, aujourd’hui âgé de 75 ans, a été propulsé sous les projecteurs avec son deuxième roman Midnight’s Children en 1981, qui a remporté des éloges internationaux et le prestigieux Booker Prize britannique pour son portrait de l’Inde post-indépendance. Mais son livre Les versets sataniques publié sept ans plus tard lui a valu d’être visé par une « fatwa » appelant à sa mort par l’ayatollah iranien Rouhollah Khomeini. Le roman était considéré par certains musulmans comme irrespectueux envers le prophète Mahomet.
Salman Rushdie, né en 1947 à Bombay en Inde, deux mois avant son indépendance de l’Empire britannique, essaie de ne pas être réduit au scandale ayant entraîné cette fatwa. Mais la montée en puissance de l’islam radical n’a cessé de le ramener à ce qu’il a toujours été aux yeux de l’Occident : le symbole de la lutte contre l’obscurantisme religieux et pour la liberté d’expression. Déjà en 2005, il considérait que cette « fatwa » avait constitué un prélude aux attentats du 11 septembre 2001.
Contraint dès lors de vivre dans la clandestinité et sous protection policière, allant de cache en cache, il se faisait appeler Joseph Anton, en hommage à ses auteurs favoris, Joseph Conrad et Anton Tchekhov. Il avait dû affronter une immense solitude, accrue encore par la rupture avec sa femme, la romancière américaine Marianne Wiggins, à qui Les versets… étaient dédiés.
Installé à New York depuis quelques années, Salman Rushdie avait repris une vie à peu près normale tout en continuant de défendre, dans ses livres, la satire et l’irrévérence.
Source: rfi.fr