Prenant pour une des rares fois la parole en public pour parler de son aîné, Amadou Coulibaly alias Am’s a partagé les enseignements du défunt Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly. C’était au cours des journées d’hommage qui se sont déroulées le week end dernier à Korhogo à l’initiative du directoire du RHDP.
« Devant cette instance, je prends la parole juste pour partager 3 enseignements d’Amadou Gon Coulibaly. Il a impacté la vie de beaucoup de personnes et il a impacté ma vie. Sur la multitude d’enseignements qu’il a pu laisser, j’aimerais en partager tout juste trois. On a beaucoup parlé de son amour du pays, de son abnégation. Je voudrais matérialiser cela par un de ses enseignements.
Alors que je m’inquiétais auprès de lui du fait qu’il faisait la promotion de certaines personnes qui lui étaient ouvertement opposées, je dirais même hostiles parfois, vous savez toujours qu’il y a des courants d’influence dans le parti. Il m’a répondu : « jeune frère, il ne faut jamais utiliser les positions pour régler ses comptes personnels. Ici il s’agit du pays, il ne s’agit pas de moi ».
C’est le premier enseignement que j’ai retenu. Ne jamais utiliser sa position pour régler des comptes personnels. Beaucoup de gens ici ont pu le savoir, ont pu vivre cela. Mais sans savoir que cela était une conviction profonde chez Amadou Gon.
La deuxième chose, on a beaucoup parlé de sa probité, mais on ne dit pas à quel point.
Le respect de la chose publique était quelque chose de sacro-saint chez lui. Je me souviens qu’un soir je l’ai trouvé assis au dîner. Il était pensif, il n’arrivait même pas à manger. Quand je lui ai posé la question, il n’a pas voulu répondre. Il parle très peu, donc je l’ai un peu titillé pendant plus d’une heure. Et pendant plus d’une heure, il m’a tenu le crachoir sur le respect de la chose publique, sur la bonne gouvernance, sur la nécessité pour un certain d’entre eux d’être de véritables poches de moralité autour du président sur la République. C’en était presque maladif chez lui. Il en souffrait même dans sa chair. Quand on a fini de parler, je lui ai dit grand-frère, tu as dû découvrir quelque chose. Il m’a dit petit-frère, c’est trop grave. Mais, nous-mêmes, on est obligé de faire attention. Parce que ceux qu’on dirige, ce sont des ivoiriens. Si on va trop vite, ils risquent de nous balancer avec toutes nos idées, tous nos bons discours sur la probité. C’est dire qu’il était conscient d’une chose, mais qu’il savait qu’il ne fallait aller pas à pas. Parce que comme il le disait lui-même, il y avait un gros travail de restauration de la moralité à faire dans le pays. Et ça, ils l’ont fait.
Le dernier enseignement, c’était son pragmatisme dans les relations avec les hommes. Cela faisait qu’il était sourd, mais complètement sourd aux rumeurs, aux “on dit ”, il paraît que un tel a dit. Et il m’a même sorti un jour : « tu sais, il ne faut jamais juger les gens sur leurs intentions. Parce que les intentions, nous en avons tous. C’est le passage à l’acte qui est déterminant pour fonder un jugement. » Et il ajoutait : « si un jour Dieu décidait d’ouvrir la tête de chacun des Hommes, ne serait-ce qu’une minute, il y a des gens qui n’allaient plus se parler jusqu’à la fin de leurs jours. » C’était ça Amadou Gon.
Je vais terminer en disant et ça beaucoup de gens l’avaient constaté. Amadou Gon n’avait pas de cour. Il n’imposait à personne de l’accompagner à tel ou tel événement. Il n’exigeait à personne de venir lui rendre visite. Il n’imposait à aucun de ses collaborateurs d’aller l’accompagner à l’aéroport ou de venir l’accueillir. Mais le jour où vous arrivez chez lui, il vous accueillait comme si c’était vous qu’il attendait. C’était dans sa volonté d’être juste et équitable dans ses relations avec les hommes. Parce que dès lors que vous fondez une cour, vous introduisez une injustice. Et les gens qui sont autour de vous pensent qu’ils ont tous les droits sur ceux qui ne sont pas autour de vous. Ce sont quelques enseignements que j’ai pu tirer. »
Propos retranscris par Mohamed CAMARA