Installé sur le flanc droit de la commune d’Attécoubé (centre d’Abidjan), le majestueux ouvrage pousse petit-à-petit et les futurs usagers peuvent maintenant le distinguer à bonne distance. Le « quatrième pont » de la capitale économique ivoirienne, en cours de travaux, prend chaque jour forme. Lancés en septembre 2018, les travaux de construction de cet ouvrage d’art sont réalisés à plus de la moitié. À son achèvement, il doit soulager les populations de la plus grande commune de la Côte d’Ivoire, Yopougon, peuplée d’environ deux millions d’habitants.
Chauffeur de taxi intercommunal et résident à Yopougon (ouest d’Abidjan), Amadou Konaté jette régulièrement un coup d’œil du côté du pont en construction, chaque fois qu’il se lance à travers la ville. « Sortir de Yopougon est très souvent un cauchemar, fulmine-t-il. Chaque fois que la voie principale (l’autoroute du nord) est embouteillée, la journée commence mal parce qu’on peut y perdre au moins deux heures de temps en sortant le matin, et presqu’autant le soir en rentrant ».
« À l’achèvement du quatrième pont, je pense que nous ne laisserons pas le temps aux autorités de l’inaugurer. Nous allons immédiatement rouler là-dessus », promet Konaté, très impatient d’emprunter un trajet moins embouteillé.
Mathurin Agnimel, lui est un fonctionnaire. Pour rejoindre son poste dans la commune des affaires du Plateau, il part de la maison très tôt le matin. « Si je veux être présent au travail à l’heure, il faut quitter Yopougon à 5h30. À cette heure, on a la certitude d’éviter les bouchons. J’arrive à 6h15 maximum pour commencer le boulot à 7h30. Sortir du quartier dès 6h ou 6h30, c’est l’assurance d’arriver ici à 8h30 voire 9h », assure-t-il.
« À la fin des travaux, le soulagement sera énorme. Il y aura cette facilité de rejoindre le Plateau pour les fonctionnaires, mais également la commune d’Adjamé pour les commerçants. Je dirai même qu’il constituera un raccourci pour atteindre les autres communes d’Abidjan », souligne Agnimel.
Financée par la Banque africaine de développement à hauteur de 155,80 milliards francs CFA (263,7 millions de dollars américains), la construction du « 4è pont » d’Abidjan entre dans le cadre d’un vaste projet de renforcement des infrastructures de transport, destiné à réduire la congestion urbaine dans la capitale économique de la Côte d’Ivoire.
Confronté à un ralentissement des travaux, en raison du confinement de la population abidjanaise lors du pic de la pandémie de Covid-19, le pont a vu ses travaux s’accélérer après la levée de restrictions par le gouvernement ivoirien. L’objectif est désormais de parvenir à livrer l’ouvrage au plus tard à la fin de l’année 2022.
« Les travaux sont réalisés à 62%. Sur un objectif de 1,4 kilomètre, la construction du pont sur lagune est déjà faite sur 800 mètres. Et, compte tenu de quelques nouveaux ajustements à effectuer jusqu’à la caserne des sapeurs-pompiers à Adjamé, le pont s’étendra finalement sur 2,4 kilomètres », explique Serge Paterne Keugongo, chef de l’unité Ouvrage de l’Agence de gestion des routes
En effet, la consistance des travaux du « 4e pont » a subi des modifications techniques de l’ouvrage principal. Il a été inséré les voies du Bus Rapid Transit “BRT″ du projet de mobilité urbaine d’Abidjan, financé par la Banque mondiale. La première section de l’ouvrage de 600m en 2×3 voies a subi des réaménagements de voies, passant à 2x 4 voies pour dédier une voie dans chaque sens au BRT. Du côté de la commune d’Adjamé, la deuxième partie de l’ouvrage initialement prévue en 2×2 voies sur une longueur de 800 mètres sera élargie en 2×3 voies. Les autres travaux concernent la construction d’une chaussée 2×3 voies entre la fin de l’échangeur de Boribana et l’Indénié sur une longueur de 950 mètres.
« Il y a de nobles avancées dans la réalisation de l’infrastructure, dans son ensemble. Surtout au niveau des infrastructures routières qui enregistrent des taux d’exécution intéressants », indique Philippe Munyaruyenzi, responsable du projet à la Banque africaine de développement.
Outre la décongestion du trafic routier à Abidjan, le désenclavement et l’assainissement de plusieurs quartiers de la ville, le projet contribue à la création de nombreux emplois. Environ 100 000 hommes par jour d’emplois, dans le cadre des travaux de génie civil, sont attendus.
Le Projet de transport urbain d’Abidjan est financé par la Banque africaine de développement à hauteur de 629,49 millions de dollars, soit 74% du coût total du projet. Les co-financiers sont l’Etat ivoirien (17%), la coopération japonaise, JICA (8%) et le Fonds pour l’environnement mondial (1%). Au programme du projet : la construction de six échangeurs, de 88 kilomètres de voie rapide urbaine et la rénovation de 89 carrefours.
En chantier, au cours de ces dernières années, la ville d’Abidjan n’est pas que transformée par la sortie de terre de son « 4e pont ». Sur son axe principal de l’Est, la capitale économique ivoirienne est ceinturée par la réalisation de la route baptisée « Rocade Y 4 ». Depuis le quartier de Cocody-Riviera jusqu’à la commune d’Anyama dans le nord de la capitale, une voie serpentée de 26 kilomètres se dessine. L’ouvrage, réalisé dans le cadre du Projet de transport urbain d’Abidjan, est aussi exécuté à 60%, selon l’Agence de gestion des routes. Découpée en cinq lots pour sa construction, la « Rocade Y 4 » sera meublée de 14 ponts et échangeurs. Voie de contournement de la ville d’Abidjan, il a pour objectif d’améliorer la fluidité urbaine dans et en dehors de la capitale économique.
Source: Banque Africaine de Développement