Vice-président du FPI, Jean Bonin Kouadio se prononce en exclusivité, sur la libération totale de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, et esquisse les grands traits de ce qui pourrait conduire à la vraie réconciliation nationale tout en invitant les partisans de Laurent Gbagbo à faire preuve de modestie au regard du bilan de la crise postélectorale de 2011.
Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé libérés de toutes charges par la CPI, réaction à chaud!
C’est une satisfaction que justice soit faite pour des accusés évidemment acquittés de toutes charges. Ça veut dire qu’ils ont passé injustement une dizaine d’années dans les geôles de la CPI. C’est dommage. Tout compte fait, ils ont été acquittés et c’est le plus important. J’espère que les jours à venir, ils vont pouvoir rentrer dans leur pays, retrouver leurs partisans et leurs familles. C’est ce qu’il y a de mieux à faire en se mettant au service de la réconciliation en Côte d’Ivoire.
Quel pourrait être l’impact de cette décision de justice sur le cours des événements en Côte d’Ivoire ?
C’est une bonne chose, ça va décrisper l’environnement sociopolitique. Cette décrispation qui est déjà en cours avec les législatives où tous les partis politiques ont pris part aux élections. Des années derrière, c’était la logique du boycott. C’est un premier pas qui a été franchi. Le deuxième pas, c’est que tout le monde s’engage sincèrement dans la réconciliation nationale et que les ivoiriens arrêtent de se regarder en chien de faïence, de sorte qu’ils puissent avancer dans un développement inclusif.
Au FPI, encore divisé, le retour de Laurent Gbagbo va-t-il contribuer à décrisper l’atmosphère et faciliter la réconciliation des tendances ?
Il est difficile de dire ce qui va se passer au FPI. Ce que je sais, c’est que le président Affi a toujours souhaité l’unité du parti. S’il doit y avoir réunification, ce sera parce que nécessairement ceux qui ont opposé une fin de non-recevoir à cette juste aspiration des militants décident donc d’emboîter le pas à Affi N’guessan, de marcher dans ses sillons afin que le parti soit uni. C’est tout ce que nous pouvons espérer pour ce parti d’autant puisque les dernières élections législatives ont montré que ce n’est pas divisé qu’on glane des lauriers.
Qu’avez-vous ressenti à l’annonce de la décision de la Chambre d’Appel de la CPI ?
C’est la joie, j’ai vu des images de liesse populaire à Yopougon. C’est une très bonne chose, c’est le FPI qui est libéré, c’est une région à l’Ouest, c’est tous les partisans de Gbagbo Laurent qu’on appelait les pro-Gbagbo qui sont libérés avec cette décision de la CPI. Il faut avoir le triomphe modeste et s’engager dans une réconciliation vraie. Vous savez que les ivoiriens se regardent en chiens de faïence, se méfient les uns les autres. Il faut sortir de cette belligérance et s’engager vers une réconciliation vraie, inclusive.
Que faudrait-il selon vous au pouvoir pour faire de cette libération des deux hommes un bon levier de réconciliation nationale vraie ?
Je pense déjà qu’un gouvernement d’ouverture, d’union nationale serait un bon signe, dans lequel tous les partis politiques y compris ceux de l’opposition seraient membres, apporteraient leurs pierres à la construction de la Nation ivoirienne, à l’effort de développement de la Côte d’Ivoire, ce serait un premier pas vers la réconciliation nationale inclusive.
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