Prof N’GUESSAN Raymond , Médecin biologiste, directeur de recherche à l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire, responsable de l’Unité des mycobactéries tuberculeuses et atypiques (UMTA) est le responsable du laboratoire national de référence de la tuberculose. Il a accepté de nous décliner les enjeux autour de l’atelier tenu le 03 au 07 juillet 2023 au laboratoire National de Référence de la Tuberculose à l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire site de Cocody. Le laboratoire National de Référence de la tuberculose dans ses attributions est impliqué dans le diagnostic et le suivi de la prise en charge de la tuberculose en général et particulièrement de la tuberculose multi-résistante.
1- Pouvez-vous nous situer le cadre de cet atelier de formation pour le renforcement des capacités du personnel technique des 10 CAT au diagnostic bactériologique de la tuberculose ?
En tant que laboratoire de référence, nous avons une mission d’appui au Programme National de Lutte contre la Tuberculose (PNLT), c’est dans ce cadre que, nous avons reçu les 10 techniciens en fonction dans les 10 nouveaux CAT qui ont été créés par le programme pour renforcer les capacités du personnel technique au diagnostic bactériologique de la tuberculose. Actuellement ce diagnostic est fondé sur les tests moléculaires rapides qui sont plus sensibles et précis. La microscopie est dans ce contexte plus adaptée pour le suivi de l’efficacité du traitement standardisé instauré.
Nous faisons cette session en étroite collaboration avec une entreprise locale, Alliance Overseas qui assure la maintenance des équipements des instruments GeneXpert du réseau de laboratoire de la Tuberculose.
2- Quels sont les critères qui ont milité aux choix des localités de ces 10 CAT pour cette formation ?
Comme je viens de le dire, ces centres régionaux de référence de la tuberculose ont été ouvert en 2021, donc ils sont nouveaux. En plus de cela, il faut savoir que les CAT dans la pyramide de lutte contre la tuberculose sont des centres régionaux de références de la prise en charge de la tuberculose décentralisée au niveau national. Il est important que les acteurs qui sont dans ces centres puissent travailler correctement puisqu’eux aussi évaluent tous les centres qui sont rattachés à leur zone de coordination. Il est important de renforcer leurs capacités pour qu’ils puissent appuyer les structures qui dépendent de leur zone de coordination.
3– Que pouvons nous retenir de cette formation?
C’est une formation étalée sur cinq jours, scindée en cours théoriques et pratiques. Dans le premier jour a été dédié aux séances de formation théorique. Cette étape phase a abordé les aspects de biosécurités, les aspects de qualité et de non-conformités. Les outils de gestion développés validés et disponibles au sein du réseau ont été décrits. Ils sont destinés à la standardisation des informations recueillies auprès des patients et lors de la réalisation des essais. Il y a eu la description du kit GeneXpert qui est un automate de biologie moléculaire pour plusieurs tests dont celui de la tuberculose. Un dernier chapitre relatif au diagnostic bactériologique de la tuberculose a permis de présenter les techniques implémentées en Côte d’Ivoire (microscopie, les tests moléculaires rapides, la culture, etc..).
Pour nous, renforcer ramène à trois aspects notions que sont l’ajout aux pré-requis, l’amélioration et l’actualisation des connaissances.
Sur les prérequis à l’école, ils ne faisaient pas de diagnostic donc durant cette formation, ils comprennent très bien le sens de diagnostic. “Ce que j’ai identifié au microscope ce n’est pas le Bacille de Koch mais plutôt une bactérie évocatrice du genre Mycobacterium. C’est sur la base d’arguments épidémiologiques et cliniques que l’on affirme par la suite que le médecin pose le diagnostic d’une tuberculose évolutive.”
Il y a également la notion de qualité que désormais tout technicien doit intégrer dans son travail quotidien afin de produire un résultat marqué du sceau de la qualité. Ceci passe par la détection des non-conformités tout au long du processus de l’analyse depuis la réception de l’échantillon jusqu’à la rédaction du résultat. Au cours de cette session tous ces aspects ont été abordés en pratique, ainsi le respect des procédures et modes opératoires qui sont des points importants pour établir un “diagnostic de qualité”.
Les biotechnologistes sont réceptifs au message car améliorer l’accessibilité au diagnostic bactériologique de qualité de la tuberculose partout en Côte d’Ivoire est un défi majeur.
4- Pourquoi l’IPCI a été choisi pour abriter cet atelier de formation?
Pour ce type de formation, l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire est plus apte à accueillir le personnel technique pour diverses raisons : plateau technique, infrastructure et la compétence de son personnel.
C’est incontestablement une opportunité pour nos collaborateurs en service à l’intérieur du pays de découvrir ce dont dispose le pays en matière de laboratoire de microbiologie (P3, Poste sécurité de microbiologique, Équipement de Protection Personnelle…) et de comprendre un peu plus les directives qui régissent les activités de lutte antituberculeuse.