Abidjan a renoué en ce début de semaine avec ses embouteillages, loin de l’appel à la désobéissance civile lancé par Henri Konan Bédié et des partis d’opposition
Mardi 20 septembre s’est tenue une grande rencontre de l’opposition politique et des membres de la société civile au siège du PDCI-RDA. Un mot d’ordre de « désobéissance civile » a été lancé à l’issue de l’entrevue. Ce mot d’ordre est fortement contesté si l’on s’en tient aux propos recueillis par laurore.net lors d’un micro trottoir réalisé dans la commune de koumassi, lundi 21 septembre 2020.
Pour les intervenants, « c’est aux politiciens eux-mêmes de gérer la situation » comme le fait savoir Mohamed dans une cafétéria. « Que je sorte ou pas, ça ne va rien changer. Je pense que c’est aux politiciens eux-mêmes de régler ce problème à leur niveau. »
Pour Doua Kouakou, gérant de cabine téléphonique, il est « Bien vrai que la situation est chaotique mais nous la population, ce n’est pas à notre niveau. C’est aux dirigeants eux-mêmes de régler leur conflit » estime-t-il.
D’autres estiment que ce n’est pas la grève ou une quelconque « désobéissance civile » qui paye les factures. Ils préfèrent donc aller vaquer tranquillement à leurs occupations. Diallo Abdoulaye, commerçant est catégorique. «Je ne suis pas d’accord avec ce mot d’ordre parce que c’est du travail que nous on vit et c’est grâce à cela qu’on aide nos parents. » Un autre se veut plus précis. « Je ne suis pour personne. Tout à l’heure je vais aller vaquer tranquillement à mes occupations. Que ce soit Ouattara ou Bédié, ce n’est pas quelqu’un qui va me donner à manger ».
Un autre sous couvert de l’anonymat estime ne pas être intéressé par la politique. «Actuellement pour dire la vérité, la politique je ne m’en mêle pas. Mais, si on veut observer ce mot d’ordre, comment va-t-on faire pour manger, pour subvenir à nos besoins. Malgré le fait qu’on va toujours au travail, il est difficile pour nous de joindre les deux bouts. La grève, on la déjà fait il y a longtemps, on s’est battu pour des personnes ici. Mais, aujourd’hui, regarde nous, même pour travailler c’est difficile. Donc moi je ne suis pas concerné par le mot d’ordre. »
Par ailleurs, Il y a aussi les frustrées ou déçus des politiciens qui s’en remettent à Dieu. Pour eux observer ce mot d’ordre ne résoudra rien. Puisque malgré toutes les grèves menées par le passé, la situation reste toujours la même. Mme Wassa, commerçante, soutiens que « ce n’est pas normal de faire une grève générale. On va beau faire la grève, notre situation ne va jamais changer. Si on fait la grève, il n’y aura que des morts, que de la barbarie. Donc laissons faire Dieu, il aura le dernier mot. » Avis partagé par Mme Koffi, ménagère qui s’en remet à la foi. « Tout ce que je veux faire, c’est de prier pour tout le monde, Qu’il soit au pouvoir ou non. C’est la paix qu’on cherche tous, parce que dans la paix, chacun peut vaquer tranquillement à ses occupations. C’est Dieu qui a le dernier choix nous on ne peut rien changer », se veut-elle réaliste.
Coulibaly, en chômage technique à cause de ces remous politiques crie colère contre l’opposition ivoirienne. « Quand il nous parle de droits et libertés bafoués, il ne faut pas qu’ils oublient que pendant 10 ans, ils ont signé des accords politiques, ensemble pour mieux manger. Et comme aujourd’hui il n’arrive plus à manger avec ces derniers, ils trouvent que les droits et les libertés ne sont pas respectés. Soro lui depuis 11 ans, il est avec quelqu’un, et c’est aujourd’hui qu’il sait que les libertés sont bafouées. Parce que ses intérêts personnels sont menacés. C’est de la malhonnêteté. De plus c’est Bédié qui a fait la campagne pour le nouvellement de la Constitution en 2016. Aujourd’hui à cause de ces conflits entre eux, nous ça fait plus d’un mois qu’on a tous été mis en chômage technique à la zone industrielle de Koumassi jusqu’après les élections d’octobre prochain. Parce que rien ne bouge actuellement. Pourtant dans les autres pays on fait les élections sans mettre les gens au chômage technique. »
Les élections présidentielles sont prévues pour le 31 octobre prochain selon le gouvernement ivoirien. L’opposition, qui cherche à affermir sa posture pour contraindre le président sortant à se saborder par un retrait, multiplient les réunions et déclarations dont celle de dimanche, 20 septembre appelant à une « désobéissance civile ».
L’Union Européenne a dit prendre acte de la décision du conseil constitutionnel ivoirien, qui a validé quatre candidatures pour cette échéance électorale à savoir les candidatures d’Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié, Affi N’guessan et Kouadio Konan Bertin.
Des manifestations de rue avaient conduit à des morts d’hommes et destructions de biens publics et privés à Bonoua, Divo, Gagnoa et Daoukro. A Bangolo, des camions d’une société d’exploitation de bauxite ont été calcinés. La police a procédé à des interpellations la semaine dernière.
Mohamed CAMARA, stagiaire.