Suivez nous sur:

Actualité

Libre expression- Jean Bonin accuse la diaspora malienne dans les attaques contre la Côte d’Ivoire

Publié

le

Depuis le dernier coup d’Etat d’Assimi Goita au Mali, il ne se passe plus un seul jour sans que les putschistes maliens et leurs suppôts n’accusent la France et la Côte d’Ivoire de tous les maux d’Israel. 
Que les militaires qui se sont illégalement emparés du pouvoir s’adonnent à ces accusations puériles pour se donner bonne conscience et ainsi espérer se maintenir le plus longtemps au pouvoir, en dehors de toute échéance électorale, je peux aisément le comprendre.
La victimisation, la propagande anti colonialiste et le populisme saupoudré à la sauce frelatée du néocolonialisme de la 25e heure sont le terreau fertile sur lequel ils peuvent encore surfer pour faire illusion.
Que des populations analphabètes, qui comprennent peu de choses aux grands enjeux géopolitiques et géostratégiques qui gouvernent le monde, succombent à la propagande anti occidentale, je peux aussi à priori le comprendre.
Quand son horizon social et économique se résume à sa terre natale parce qu’on est jamais sorti de son pays et qu’on a donc pas eu l’occasion d’avoir des éléments probants de comparaison, il n’y a rien d’étonnant qu’on puisse s’embourber dans des thèses complotistes et victimaires.
Mais, que la diaspora malienne soit atone et aphone, face aux accusations dénuées de tous fondements contre la Côte d’Ivoire et la France, cela questionne.
Quelle est la 2e capitale du Mali après Bamako ? Tout le monde le sait, c’est Bouaké, en Côte d’Ivoire. Quelle est la 3e capitale du Mali après Bamako ? C’est la commune de Montreuil, dans la banlieue parisienne. C’est en France.
Majoritairement de l’ethnie Soninké, en 2015, ils y étaient déjà officiellement estimés, pour cette seule commune, à plus de 10.000 habitants et à environ 60.000 dans l’hexagone.
En novembre 2015, Jeune Afrique rapportait dans ses colonnes ces propos de Djénéba Keïta, alors adjointe au maire de Montreuil chargée du développement économique ; “vous êtes ici chez vous, vous faites ce pays, et en même temps vous participez au développement du Mali. Montreuil vous appartient, au même titre que Kayes ou Bamako, vous travaillez ici, vous construisez là-bas, vous êtes chez vous ici et là-bas ».
Comme Djénéba Keita, ils sont nombreux ces maliens qui ont, « de haute lutte », acquis la nationalité française ou ivoirienne et qui, contre toute attente, restent désespérément inaudibles face aux attaques iniques et irresponsables contre leur pays d’adoption.
Ne serait-ce que pour la reconnaissance du ventre, ils auraient pu faire œuvre utile en rétablissant la vérité historique, sociale et économique des faits.
La communauté malienne qui réside en permanence en Côte d’Ivoire est estimée à plusieurs millions de personnes. Et ça, depuis l’époque de FHB. Ce chiffre n’a cessé de croître, au point où des pans entiers de secteurs économiques ivoiriens sont entièrement contrôlés par des ressortissants d’origine malienne. C’est le cas notamment dans le domaine de la boucherie.
Pourquoi ces maliens qui ont fait fortune en Côte d’Ivoire ou qui occupent en France de hauts postes électifs ou dans l’administration s’efforcent ils, par leurs passivité complice, à cracher dans la soupe qui les nourrit si grassement et qui par le biais des transferts de fonds leur permet de contribuer activement au développement du Mali ?!
Selon une récente étude de l’OECD, les transferts de fonds des émigrés maliens se sont élevés à 1 milliard USD en 2019 ; ils ont été multipliés par 3.8 depuis 2005. Ainsi, le ratio entre les transferts de fonds et le PIB est passé de 2.8 % à 5.8 % entre 2005 et 2019/20. Cette augmentation reflète une réelle croissance du poids des transferts de la diaspora dans l’économie malienne .
Selon cette même étude, près d’un quart des transferts de fonds reçus par le Mali proviennent principalement de Côte d’Ivoire et du Sénégal, tandis que près de la moitié proviennent de la zone euro ; principalement de France et d’Espagne.
Mieux, selon la BM, en 2019, le montant d’aide publique au développement reçue par le Mali était de 1.8 milliard USD, tandis que les flux nets d’investissements directs étrangers au Mali s’élevaient à un peu moins de 500 millions USD. Les transferts de fonds des migrants représentent donc une ressource financière très significative pour l’économie malienne.
Les estimations publiées par la Banque Centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) indiquent eux que sur l’ensemble des envois de fonds des migrants reçus par le Mali en 2019, près de 23 % provenaient d’autres pays de l’UEMOA – principalement de Côte d’Ivoire et du Sénégal – tandis que 46 % provenaient de pays de la zone euro – principalement de France et d’Espagne.
Ces chiffres contredisent éloquemment tous les discours de la propagande pseudo panafricaniste qui voudraient faire croire que la France et ses « sous préfectures », comme ils aiment bien le dire, étaient contre les intérêts stratégiques du Mali.
D’ailleurs, si tant est que la France, la Côte d’Ivoire ou même le Sénégal travaillaient contre les intérêts du Mali et des Maliens, pourquoi ceux-ci n’émigrent-ils pas en masse en Russie ou en Chine pour s’y installer et y vivre « dignement » ; surtout que ces pays ne commercent pas avec le franc CFA, n’ont pas de bases militaires en Afrique et ne leur souhaitent que du bonheur .
Sont-ils à ce point si masochistes pour s’entêter à traverser, au péril de leur vie, la Méditerranée pour regagner la France ou irrationnels au point de vouloir vivre dans des « États ennemis » qui ne leur veulent que du mal ?!
Poussons donc un peu plus loin la réflexion, au delà des discours populistes.
Jean Bonin 
Juriste