Ils sont 176 réfugiés dans la ZAR nord dont font partie les régions du Guémon, Tonkpi, San-pedro et Cavally. Loin de leurs pays d’origine, ces réfugiés sont sont très souvent taxés de perpétuer des attaques contre leur pays d’accueil et vivent le plus souvent dans un environnement délétère. Laurore.net a fait une incursion dans l’antre de ces derniers pour en savoir plus sur leur quotidien.
Nous sommes à Danané, dimanche 19 juin 2021. Au petit marché du quartier, Kamara Maya, réfugiée libérienne, tient un commerce. Sans faux-fuyants, elle décide de s’ouvrir à nous.
<<Je suis une Libérienne qui vit ici à Danané avec ma maman. Bien que je sois née ici, je suis une réfugiée. Ma mère était seule à s’occuper de nous depuis ma naissance. Nous avons grandi dans une atmosphère plus ou moins délétère. C’était dur mais notre maman arrivait à nous nourrir et nous scolariser. Mais, un moment, les choses devenant dures pour nous, j’ai arrêté d’aller à l’école en classe de CM2>>, raconte Maya Kamara.
Après avoir arrêté les cours, très jeune Maya se met à apprendre la coiffure, car ayant quelques notions en la matière. Malheureusement, assez d’embûches se dresseront sur le chemin de la jeune fille. <<Quand j’ai arrêté les cours, j’ai commencé à faire la coiffure. C’était difficile. Les gens refusaient que je tresse leurs enfants sous prétexte que nous les Libériens , sommes barbares et que je vais tuer les enfants qui viennent chez moi pour les rendre rebelles. Cela me peinait beaucoup mais je ne me décourageais cependant pas. Je suis restée figée sur mon objectif>>, poursuit-elle.
Une abnégation qui finira par payer. Un appui du Haut Commissariat pour les Réfugiés va lui ouvrir la porte du bonheur. <<Pendant que je me battais sans moyens, un jour le HCR m’a appuyé et j’ai fait une formation dans un salon de coiffure et bien d’autres métiers de façon concomitante. Je sais aujourd’hui faire la coiffure, l’esthétique et j’ai un grand magasin de vente d’habits et autres. Aujourd’hui ça va je m’occupe de ma maman et de mes frères et sœurs, malgré la jalousie que me mènent certaines femmes dans le marché>>, fait-elle savoir.
Comme elle, deux femmes venues de la Centrafrique, que nous avons rencontrées à Danané dépeignent leur quotidien. <<Nous sommes arrivées de la Centrafrique avec nos enfants. C’est à Daloa que nous avons trouvé refuge depuis 2014. Au début le HCR et ses partenaires nous aidaient vraiment. Mais aujourd’hui, c’est difficile. À part la scolarité et les fournitures, tout le reste est à notre charge. Nous faisons que de petites activités pour arriver à prendre en charge nos enfants. Ce qui est encourageant, c’est que nous vivons en de bons termes avec tous nos tuteurs>>, soutiennent-elles.
Des complicités pour des opérations de déstabilisation
Si les femmes réfugiées sont plus ou moins bien traitées, les hommes quant à eux vivent parfois la galère et des accusations graves. Pewee Moses, réfugié Libérien qui vit à Guiglo depuis une vingtaine d’années est sans équivoque face à ces accusations. <<Toutes les accusations portées contre nous, sont vraies. Car certains de nos frères qui n’ont pas demandé d’asile encore moins de refuge ici en Côte d’Ivoire, vu la proximité et la porosité des frontières rentrent et font du n’importe quoi. Nous apprenons qu’ils nouent des contrats avec des gens pour le faire. Ce qui nous fait mal c’est que souvent, nous les innocents, nous subissons des railleries et même des insultes voire même des brimades de la part des populations>>, révèle Pewee Moses.
Qui tout de même garde espoir que les autorités et la population viendront à bout de ces infiltrés qui ternissent l’image des réfugiés et mettent à mal la cohabitation entre les peuples ivoirien et libérien.
Solange Oulaï