Bras droit d’Alexeï Navalny, Lioubov Sobol est visée par la justice russe. L’équipe de l’opposant a annoncé vendredi 25 décembre qu’une enquête visait Lioubov Sobol pour « menaces » envers un agent présumé du FSB. Le détracteur du Kremlin accuse ce dernier d’avoir participé à son empoisonnement. Lioubov Sobol l’aurait piégé lundi 21 décembre en allant frapper chez lui.
Des hommes casqués et cagoulés ont tambouriné à la porte de cette opposante et ont perquisitionné son domicile ce vendredi matin. Lioubov Sobol est accusée d’avoir « menacé » un agent des services de sécurité, le FSB, et d’avoir « violé son domicile ».
Dans les faits, la collaboratrice de l’opposant numéro 1 au Kremlin a certainement agacé hautement les autorités en rendant public l’adresse de Konstantin Koudriavtsev, lundi 21 décembre 2020: c’est cet agent qui est accusé d’avoir organisé l’empoisonnement d’Alexeï Navalny.
Des dizaines de journalistes l’avaient alors accompagnée sur le palier de la porte de l’agent, jusqu’à l’intervention de la police.
Moqué dans les récentes enquêtes de l’opposant, le FSB pourrait être tenté de répondre à la mise en ligne de photos, numéros de téléphone et noms d’une demi-douzaine d’agents qui auraient participé à l’empoisonnement de l’opposant.
La plainte, déposée par la belle-mère de l’agent, a permis aux opposants de découvrir que ce dernier s’était offert cet appartement deux mois après la tentative d’assassinat. Alexeï Navalny y voit une récompense des autorités suite à son empoisonnement.
Vendredi 25 décembre, les enquêteurs ont saisi les téléphones et ordinateurs de l’opposante et Lioubov Sobol a été entendue par la police. Si l’enquête se poursuit, elle pourrait risquer plusieurs mois de prison.
Alexeï Navalny a affirmé avoir piégé au téléphone l’un des agents des services russes impliqué dans la tentative d’empoisonnement dont il affirme avoir été victime. Ce dernier juge que l’opposant ne doit son salut qu’à sa prise en charge par des urgentistes après que le pilote ait opéré un atterrissage d’urgence à Omsk, lors du vol reliant Tomsk à Moscou à bord duquel se trouvait Alexeï Navalny.
Le poison qui a failli entraîner la mort d’Alexeï Navalny aurait été placé dans ses sous-vêtements. C’est ce qui ressort d’une longue conversation téléphonique que l’opposant a eue avec un homme qu’il présente comme Konstantin Koudratsiev, expert en armes chimiques travaillant pour les services russes, et qu’il a mise en ligne sur son site internet. Aux dires de l’opposant, toute expertise vocale permettra de conclure qu’il s’agit bien de cet agent, dont l’identité a été révélée par une enquête publiée en début de semaine dernière par le site Bellingcat.
Pour parvenir à ses fins, Alexeï Navalny s’est fait passer pour un assistant du secrétaire du Conseil de sécurité russe qui avait besoin de son témoignage pour rédiger un rapport sur la tentative d’assassinat de l’opposant. Si ce piège téléphonique devait s’avérer digne de foi, il mettrait en sérieuses difficultés la présidence russe. Jeudi dernier, lors de sa conférence de presse annuelle, Vladimir Poutine avait reconnu qu’Alexeï Navalny faisait l’objet d’une surveillance des services secrets mais qu’en aucun cas ils n’avaient tenté de l’assassiner, ajoutant que s’ils avaient vraiment voulu éliminer l’opposant, ils ne l’auraient pas raté.
Les services de sécurité russes (FSB) ont dénoncé lundi comme une « falsification » le piège téléphonique que l’opposant Alexeï Navalny affirme avoir tendu à l’agent russe. « La vidéo avec (cette) conversation téléphonique est une falsification », a affirmé le FSB, dans un communiqué cité par les agences de presse russes.
Des médecins allemands ont entre-temps rendu public des « preuves » de la tentative d’empoisonnement de l’opposant russe. « Le 20 août 2020, un homme de 44 ans en bonne santé a été saisi de troubles du comportement dix minutes après le décollage d’un vol intérieur russe. Il a commencé à transpirer abondamment et à vomir avant de perdre connaissance ». C’est par cette description que commence l’article paru dans la revue scientifique The Lancet. Il est basé sur les données fournies par les médecins berlinois qui ont traité Alexeï Navalny après son transfert en Allemagne. L’opposant russe se félicite de cette publication dans laquelle il voit une preuve médicale réclamée depuis des semaines par Moscou.
ARS et RFI.FR