Des mesures urgentes telles que des taxes et des restrictions sur les aliments et boissons sucrés sont nécessaires pour endiguer la tendance à la hausse de l’obésité en Afrique, a averti l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Un adulte sur cinq et un enfant et adolescent sur dix devraient devenir obèses d’ici décembre 2023 dans dix pays africains fortement touchés, dont l’Algérie, l’Eswatini, le Gabon, la Libye, l’île Maurice, l’Afrique du Sud et le Zimbabwé, selon une nouvelle analyse de l’OMS.
S’appuyant sur des données de 2018, l’analyse estime que la prévalence chez les adultes dans les dix pays africains fortement touchés ira de 13,6 à 31 %, tandis que chez les enfants et les adolescents, elle ira de 5 à 16,5 %.
« L’obésité est un énorme problème de santé en Afrique et nous devons le comprendre. Malheureusement, beaucoup n’y pensent pas », déclare Hana Bekele, conseillère régionale en nutrition par intérim pour le Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.
Selon le nutritionniste de l’OMS, l’augmentation des cas d’obésité est le résultat d’un nombre croissant d’Africains de la classe moyenne qui préfèrent les aliments transformés à haute teneur énergétique riches en sucres et en graisses à la consommation d’aliments frais.
Le manque d’activité physique dans les villes et l’évolution des modes de transport dans de nombreux pays sont également associés de manière significative à l’augmentation des cas d’obésité.
« Pour lutter contre le surpoids et l’obésité, il faut revenir à la recette traditionnelle de grand-mère. Cela implique de manger des légumes, des légumineuses, des noix, des fruits fraîchement coupés et autres », explique Hana Bekele.
L’OMS exhorte les gouvernements à donner la priorité à une série de mesures, notamment des limites obligatoires sur la teneur en sucre des aliments, des taxes sur les boissons sucrées et des réglementations sur la commercialisation des aliments telles que l’information obligatoire sur les nutriments.
« Nous devons travailler en étroite collaboration avec l’industrie alimentaire pour réduire les concentrations de graisses et de sucre dans les aliments transformés et proposer des choix sains aux consommateurs », ajoute Hana Bekele.
« L’étiquetage obligatoire des aliments sur face principale de la boîte pour le indiquer le contenu des aliments que les gens achètent est essentiel. L’élaboration et la mise en œuvre de normes réglementaires et de mesures fiscales pour promouvoir une alimentation saine et l’activité physique, comme c’est actuellement le cas au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda, sont importantes », poursuit Hana Bekele.
« Chacun a un rôle à jouer dans la consommation d’aliments transformés. Par exemple, ce que nous emballons pour nos enfants lorsqu’ils vont à l’école. Le sucre crée une dépendance et est devenu une routine dans notre alimentation malgré ses conséquences négatives pour la santé », ajoute-t-elle.
Exercices physiques
La planification urbaine pour inclure des espaces de loisirs sûrs est également vitale, dit l’experte, soulignant que les individus devraient faire des exercices physiques pendant 60 à 150 minutes pour lutter contre l’obésité.
Hana Bekele conclut en disant que la collecte régulière de données sur les cas d’obésité sur le continent est cruciale : « Nous devons connaître les facteurs qui déclenchent le surpoids et l’obésité pour concevoir les interventions nécessaires ».
Zipporah Bukania, directrice adjointe de l’Institut de recherche médicale du Kenya, affirme que le surpoids et l’obésité affectent la santé individuelle, la société et le système de santé.
« Le surpoids conduit souvent à l’obésité, qui est associée à une sensibilité accrue aux maladies non transmissibles telles que l’hypertension, le diabète et le cancer, l’arthrose (une dégradation du cartilage et des os dans une articulation) ainsi que des problèmes respiratoires », a-t-elle confié à SciDev.Net.
Elle explique que pour les enfants, le surpoids et l’obésité affectent l’estime de soi, ce qui a un impact négatif sur leurs performances scolaires et augmente le risque de maladies non transmissibles à un âge précoce.
« L’augmentation des maladies dans la société se traduit par des coûts de santé élevés au niveau familial et au niveau du système de santé », explique Zipporah Bukania qui possède une expertise en nutrition humaine appliquée et en politique nutritionnelle.
Elle dit qu’il est urgent d’agir pour mettre en œuvre des stratégies telles que des politiques sur la commercialisation d’aliments malsains, prévoyant d’inclure des installations pour faire des exercices physiques, des allées et des terrains de jeux dans les écoles.
Source: SciDev.net