Selon un expert, le succès précoce de la mise en œuvre dans quatre États au Nigeria d’un nouveau régime plus court de traitement antituberculeux ne durant que six mois, pourrait ouvrir la voie à son déploiement à l’échelle nationale.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 10 millions de personnes dans le monde sont infectées par la tuberculose chaque année, le Nigeria et l’Afrique du Sud étant parmi les huit pays qui concentrent les deux tiers de tous les cas de tuberculose.
Le traitement précédent d’une durée de neuf ou 18 mois était un défi pour les patients et les systèmes de santé pour assurer son achèvement ; ce qui a incité l’OMS et ses partenaires à recommander le mois dernier un schéma thérapeutique de six mois.
Le Nigéria utilise déjà ce traitement de six mois dans quatre États dans le cadre d’un programme de recherche opérationnelle qui a débuté en novembre 2020.
« Jusqu’à présent, nos résultats révèlent que le régime de six mois est rentable avec de légers effets secondaires », déclare Victor Babawale, directeur adjoint du Programme national de lutte contre la tuberculose et la lèpre au ministère fédéral de la Santé du Nigeria.
« Il réduit la résistance aux médicaments en raison de la courte durée du traitement, et les patients le préfèrent aux autres régimes car, la guérison est plus rapide », ajoute-t-il.
Ce régime de six mois utilise soit BPaLM (une combinaison de médicaments oraux bédaquiline, prétomanide, linézolide et moxifloxacine) soit BPaL (une combinaison orale de bédaquiline, prétomanide et linézolide).
« Avec cette nouvelle directive, presque tous les patients atteints de tuberculose résistante aux médicaments peuvent être traités en six mois avec un régime entièrement oral », déclarait Tereza Kasaeva, directrice du Programme mondial de lutte contre la tuberculose à l’OMS en annonçant la nouvelle recommandation le mois dernier.
« Nous avons maintenant des options de traitement plus nombreuses et bien meilleures pour les personnes atteintes de tuberculose [résistante aux médicaments] grâce à la recherche qui a produit de nouvelles preuves », poursuit-elle.
Mel Spigelman, président-directeur général de TB Alliance, déclare que la nouvelle directive de l’OMS permet le traitement de presque toutes les formes de tuberculose résistante aux médicaments.
Effets secondaires gérables
Ce dernier confie à SciDev.Net que « l’OMS vient d’annoncer d’excellentes nouvelles aux patients. Cela témoigne de ce qui peut être accompli grâce à des investissements soutenus et à long terme dans la recherche et le développement sur la tuberculose. »
« Nous avons maintenant une voie à suivre pour traiter la grande majorité des cas de tuberculose résistante aux médicaments avec seulement six mois de traitement entièrement oral, des schémas thérapeutiques simplifiés qui ont des effets secondaires gérables et des taux de guérison du même ordre de grandeur que le traitement pour la tuberculose sensible aux médicaments », ajoute Mel Spigelman.
Il explique que le traitement de la tuberculose résistante aux médicaments pouvait dominer la vie d’un patient et qu’il y a quelques années seulement, son traitement était plus de trois fois plus long que celui de nombreux cancers à un stade précoce.
« Avec un taux de réussite global du traitement de seulement 59 %, il n’était pas fiable et traiter un patient pendant près d’un an et demi, c’est trop long pour tolérer des médicaments agressifs », ajoute l’intéressé.
Mel Spigelman affirme que les nouveaux traitements plus courts recommandés par l’OMS auront un impact sur le budget de traitement de la tuberculose résistante aux médicaments et permettront d’économiser de l’argent.
Les nouvelles directives de l’OMS pour le traitement de la tuberculose résistante aux médicaments devraient être mises en œuvre par presque tous les pays d’Afrique subsaharienne, déclare Spigelman.
Il ajoute que neuf pays d’Afrique, dont le Burkina Faso, le Ghana, le Malawi, le Nigéria et l’Afrique du Sud, ont pris des dispositions pour se procurer les médicaments directement auprès des fabricants ou du programme Stop TB Partnership’s Global Drug Facility.
Victor Babawale rappelle à SciDev.Net les efforts déployés pour assurer un déploiement national du nouveau traitement : « lors de la réunion des parties prenantes en juin, nous finaliserons notre décision sur le déploiement de BPaL à l’échelle nationale. Nous enverrons nos résultats à l’OMS et attendrons l’approbation de les diffuser à l’échelle nationale. », déclare-t-il.
Source: SciDev.net